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Film - Page 8

  • « Caravage », «Tar » et 7 autres films à l'affiche

    Caravage.jpg4 étoiles. « Caravage ». 1609. Accusé de meurtre, le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, Le Caravage tente d’obtenir la grâce de l’Eglise pour revenir à Rome. Avant de prendre sa décision, le Pape demande à un inquisiteur de mener une enquête sur le peintre dont l’art est certes jugé subversif par l’Eglise, mais ne laisse cependant pas indifférent certains des plus hauts dignitaires de cette dernière.

    Celles et ceux qui aiment la peinture du Caravage apprécieront sans doute également le film de Michele Placido qui grâce à la photographie, à la lumière, aux décors, aux costumes et à sa distribution rend magnifiquement hommage au génie du peintre qui a marqué l’histoire de l’art. Plongé dans un tableau géant du Caravage qui s’offre à ses yeux sur le grand écran, le spectateur découvre ou redécouvre à l’aide de nombreux flashbacks au service du récit, avec certes quelques libertés scénaristiques, la vie de cet homme qui vivait parmi le peuple, faisait preuve d’une grande liberté de pensée et appréciait les corps à corps avec les hommes et les femmes, mais également avec ses poings et son épée.

    Tar.jpg1 étoile. « Tar ». Lydia Tar est une cheffe d’orchestre renommée et une femme de pouvoir qui n’hésite pas à prendre des décisions et à écarter de son chemin celles et ceux qui lui font obstacle. Alors qu’elle prépare l’enregistrement très attendu de la 5ème symphonie de Gustav Mahler, Lydia va se retrouver dans la tourmente en raison d’un événement du passé qui refait surface, mais également de ses choix du moment qui ne vont pas plaire à tout le monde.

    Encensé par une bonne partie de la critique sans doute aveuglée par la performance de Cate Blanchett, certes excellente, « Tar » est une grande déception dès les premières minutes qui sont interminables avec son générique et une interview qui se veut hautement intellectuelle de la cheffe d’orchestre. On peine tout au long du film à s’intéresser à ce personnage de pouvoir antipathique. Et sa lente et longue descente aux enfers, le film dure 2h38, laisse complètement froid. Heureusement, les scènes consacrées à l’enregistrement de la symphonie apportent quelques moments de plaisir, mais c’est bien peu en regard des attentes qui sont déçues jusqu’à une fin complètement ratée.

    Toujours à l’affiche

    Leo Grande.jpg4 étoiles. « Good luck to you Leo Grande ». Nancy Stokes est une jeune retraitée. Mère de deux enfants dans la trentaine, elle a mené une vie sage et sans excès entre son travail d’enseignante des religions et un mariage des plus conventionnel. Récemment veuve, elle décide de mettre du piment dans sa vie en s’offrant les services de Leo, un escort boy.

    Pour qu’une histoire telle que celle-ci qui se passe dans un décor unique et en huis-clos fonctionne, il est tout d’abord indispensable que les acteurs soient impeccables. Tel est bien le cas avec la talentueuse Emma Thompson et Daryl McCormack qui forment le temps de quelques rencontres un duo très convaincant. Ensuite, pour garder l’attention du spectateur dans ce genre de film où il y a peu d’actions, il est primordial que le scénario révèle quelques surprises et que les dialogues soient à la hauteur. Et si l’on excepte un petit coup de mou au milieu, cet objectif est parfaitement atteint. A la fois drôle et sérieux, audacieux et touchant, délicat et questionnant, le film se laisse voir avec un plaisir certain.

    16 ans.jpg4 étoiles. « 16 ans ». Nora et Léo font connaissance le jour de la rentrée scolaire. Au premier regard, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Le jour même, le frère de Nora, accusé de vol, se fait virer du supermarché local dont le directeur n’est autre que le père de Léo. Quand les deux familles apprennent que Léo et Nora se fréquentent, la situation devient vite très compliquée pour eux. Prisonniers des rapports de classe et des différences culturelles, les deux protagonistes vont malgré tout se rebeller contre leurs familles qui voient d’un très mauvais œil la remise en question de l’ordre établi.

    Ce Roméo et Juliette des temps modernes n’a rien d’une bluette pour ados. C’est même tout le contraire : la tension est palpable dès les premières minutes et jusqu’à la fin qui ne laisse pas indifférent. Le film est porté par deux jeunes comédiens débutants formidables que la caméra ne lâche pas, ce qui accentue le tourbillon dans lequel ils sont aspirés. « 16 ans » prend aux tripes par l’enchainement des événements qui, petit à petit, se referment comme un piège sur les protagonistes dont on se demande bien comment ils vont pouvoir s’en sortir…ou pas. Emouvant et percutant.

    Avatar 2.jpg2 étoiles. « Avatar : La Voie de l’Eau ». 2169. La famille Sully s’est agrandie. Elle vit sereinement dans la forêt de Pandora jusqu’au jour où « ceux qui viennent des étoiles » font leur retour et forcent Jake, Neytiri et leurs enfants à s’enfuir pour sauver leur peau. Ils trouvent refuge dans une autre partie de Pandora où c’est cette fois l’océan qui est roi, ce qui va leur demander une grande force d’adaptation pour trouver leur place parmi les habitants des lieux et dompter ce nouvel environnement aquatique.

    Ce deuxième opus d’Avatar tient toutes ses promesses au niveau formel. La prouesse technique est impressionnante et c’est visuellement un régal (à voir en 3D). Mais ce sont aussi les limites du film qui tourne par moment en rond (dans l’eau) avec les longueurs (3h12 !) qui en…découlent. Et puis, le scénario est simpliste, prévisible et s’appuie sur des grosses ficelles. Quant à la fin, on se croirait de retour dans « Titanic », elle est à l’image du film : elle en met plein la vue (et les oreilles), tire en longueur et procure peu d’émotions. Il y a une marge de progression certaine pour les 3 (!) suites prévues.

    I wanna dance with somebody.jpg2 étoiles. « I wanna dance with somebody ». Ce biopic sur Whitney Houston rend incontestablement hommage à la formidable chanteuse qu’elle fut. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’elle était surnommée « La Voix ». Les nombreuses scènes du film où elles chantent sont un délice pour les oreilles, mais également pour les yeux : le soin apporté pour recréer les costumes qu’elle a portés est manifeste. S’il n’y a donc rien à reprocher au film sur le côté public de Whitney Houston, qui plus est remarquablement interprétée par Naomie Ackie, on n’en dira pas autant sur sa vie privée.

    En effet, sa descente aux enfers avec la drogue, sa relation chaotique avec son mari Bobby Brown, son rôle de mère, les liens qu’elle entretenait avec sa famille ou encore les trois années qui la séparent de son retour en 2009 jusqu’à sa mort en 2012, qui n’est d’ailleurs évoquée que par une ligne au générique de fin, n’entrent pas assez dans le détail pour que l’on puisse vraiment comprendre comment un tel talent a pu se perdre à ce point. Au final, « I wanna dance with somebody » met donc la star en avant plutôt que la femme. L’inverse aurait sans doute donné un film plus intéressant et plus poignant.

    La consipration du Caire.jpg2 étoiles. « La Conspiration du Caire ». Adam, simple fils de pêcheur, est admis à la prestigieuse université al-Azhar au Caire, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt soudainement. Débute alors une guerre sans pitié entre les élites religieuses et politiques pour lui trouver un successeur à laquelle Adam va se retrouver mêlé bien malgré lui.

    Histoire sur le pouvoir et sur l’autorité « La Conspiration du Caire » est remarquablement mis en scène et tire le meilleur parti de l’univers clos de l’université d’al-Azhar. Cette sensation d’emprisonnement a été voulue par le réalisateur pour accentuer la tension tout au long du film. Mais ces indéniables qualités formelles passent malheureusement au second plan en raison d’un scénario relativement complexe dans sa première partie, il faut s’accrocher pour ne pas perdre le fil, et peu crédible dans sa seconde avec des événement qui s’enchainent tout à coup comme des noix sur un bâton. Peu de suspense et d’émotion, frisant régulièrement l’ennui, on se demande comment le film a pu recevoir le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes…

    The Banshees of Inisherin.jpg1 étoile. « The Banshees of Inisherin ». 1923. Sur Inisherin, île isolée au large de la côte ouest d’Irlande, Padraic et Colm sont les meilleurs amis du monde. Jusqu’au jour où Colm décide abruptement de mettre fin à leur amitié sans aucune explication. Sonné par cette décision unilatérale, Padraic tente alors par tous les moyens de faire revenir son ami sur sa décision. Son acharnement va avoir l’effet inverse en renforçant la détermination de Colm. Ce dernier se dit même être prêt à se couper un doigt si Padraic ne le laisse pas tranquille.

    Ce film qui commence comme une comédie va petit à petit se transformer en drame à l’image de cette île, certes magnifique, dont il est très difficile de s’échapper à cette époque, ce qui peut finir par rendre fou. Si la première partie du film est plutôt agréable, voire parfois drôle avec ses personnages pittoresques, il n’en est rien de la seconde qui tire en longueur et devient carrément glauque. Comment est-il possible de décerner le Golden Globe de la meilleure comédie à un film aussi déprimant malgré son excellente distribution et son décor somptueux ? Mystère.

    Simone, le voyage du siècle.jpg1 étoile. « Simone, le voyage du siècle » conte l’histoire de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques et, surtout, les tragédies qu’elle a connues dans sa vie. Pour retracer ce destin exceptionnel, le réalisateur Olivier Dahan, déjà à la manœuvre pour le portrait de deux autres grandes figures féminines du siècle passé, Edith Piaf et Grace de Monaco, prend le parti d’expliquer les combats de Simone Veil durant sa vie à la lumière de ce qu’elle a vécu dans les camps de concentration.

    Mais si ce parti pris peut se comprendre, il devient très vite lassant en raison des incessants allers et retours entre les différentes époques choisies pour évoquer la vie de Simone Veil. C’est ainsi que l’on passe des années quarante aux années 70, en faisant une halte dans les années 90 tout en faisant une incursion dans les années 2000 pour revenir aux années quarante et ainsi de suite. Mais le plus pénible réside dans le fait qu’à vouloir trop montrer l’horreur des camps, le film, dans son dernier tiers, en devient carrément insupportable avec une musique qui l’est tout autant. Et avec comme résultat de tuer toute émotion alors que l’objectif poursuivi était sans aucun doute exactement le contraire.

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • Du grand au petit écran : « J’accuse », « Invisible Man », « Epouse-moi mon pote »

    J'accuse.jpgPendant les 12 années qu’elle dura, à cheval entre le 19ème et le 20ème siècle, l’Affaire Dreyfus déchira la France et au-delà. Cet immense scandale mêle erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. Le colonel Picquart, un antisémite par tradition plutôt que par conviction, comme on pouvait facilement l’être à cette époque, occupe la place centrale du film. C’est lui qui, au gré des circonstances, va sauver le capitaine Dreyfus en se muant tout d’abord en détective, puis en dénonciateur en mettant en danger sa carrière et sa réputation au nom de la justice.

    Le film démarre très fort avec la scène magistrale de la dégradation du capitaine Dreyfus qui fait froid dans le dos. Mais après cette entrée en matière époustouflante, « J’accuse » baisse de rythme et l’ennui n’est pas loin. Mais, dans sa seconde partie, au moment où le colonel Picquart découvre que le capitaine Dreyfus a été condamné à tort pour trahison, le film s’accélère et devient bien plus passionnant. Les rebondissements sont nombreux et le sort du colonel Picquart et du capitaine Dreyfus, victimes d’une armée qui est prête à tout pour ne pas se remettre en question, tiennent en haleine jusqu’à la fin. Très bien joué, soigneusement reconstitué, les décors et les costumes sont superbes, parfaitement mis en scène et en lumière, « J’accuse » est incontestablement un bon film. Il lui manque toutefois un peu de folie et de l’émotion pour en faire un tout grand film.

    Inédit. 3 étoiles. « J’accuse ». RTS 1, lundi 16 janvier, 20h35.

    IMG_8030.jpgCecilia partage une vie aisée avec un brillant et riche scientifique au comportement très possessif. Ne supportant plus son attitude, elle s’enfuit en demandant de l’aide à sa sœur. Peu de temps après, son beau-frère lui apprend que son mari s’est suicidé. Il lui laisse une part de son immense fortune à condition qu’elle respecte certaines conditions, comme celle de ne pas enfreindre la loi, ce qui va devenir de plus en plus compliqué au fur et à mesure que Cecilia prend conscience qu’elle est harcelée par quelqu’un d’invisible et qui s’attaque à son entourage. Mais comment faire croire une chose pareille sans perdre la raison et passer pour une folle ?

    Le suspense est à son comble dès le début et, à l’exception d’un petit coup de mou après cette entrée en matière tonitruante, il ne se dément pas jusqu’à une fin qui est la synthèse de plusieurs scènes marquantes du film. Porté par Elisabeth Moss littéralement habitée par son rôle et par une mise en scène qui tient le spectateur en haleine en lui donnant des frissons, « Invisible Man » ravira par conséquent les fans de thriller fantastique avec une bonne dose d’épouvante.

    Inédit. 4 étoiles. « Invisible Man ». RTS 1, samedi 21 janvier, 22h40.

    Epouse-moi mon pote.jpgYassine, jeune étudiant marocain, fait la fierté de sa famille qui s’est cotisée pour qu’il puisse faire des études à Paris. Suite à un malheureux concours de circonstances, Yassine rate son examen et se retrouve dès lors sans statut légal. Pour remédier à cette situation, il se marie avec son meilleur ami Frédéric, pourtant déjà en couple avec sa copine. Soupçonné par un fonctionnaire d’avoir fait un mariage blanc, ils vont alors devoir s’inventer une vraie vie de couple homosexuel pour lui faire croire que leur histoire est vraie.

    Pas difficile d’imaginer à partir de ce synopsis que les quiproquos et les situations loufoques vont s’enchaîner avec de nombreux gags parfois très drôles. Ce n’est certes pas un humour subtil, les clichés sont légions et l’histoire est cousue de fil blanc. Pour ce genre de comédie, plus les traits sont grossiers (à ne pas confondre avec la vulgarité dont le film est pratiquement dépourvu) et plus ça fonctionne. Alors oui, bien sûr, avec cet esprit les gays, mais aussi les immigrés, les aveugles, les obèses, les riches émirs du Qatar, etc., sont outrancièrement caricaturés, mais pas de quoi toutefois crier à l’homophobie. Au final, « Epouse-moi mon pote » est un film qui tient ses promesses : stupide et drôle.

    2 étoiles. « Epouse-moi mon pote ». M6, vendredi 20 janvier, 21h10.

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • Mes coups de cœur cinématographiques de 2022

    J’ai vu 53 films au cinéma cette année et j’ai décerné 5 étoiles (« à ne pas manquer ») à 4 d’entre eux. Quatre films français qui ont comme point commun qu’ils sont fort en émotions, d’une grande humanité et interprétés par des actrices et acteurs remarquables. Juste derrière ce quatuor, six films choisis parmi les 15 à qui j’ai décerné 4 étoiles (« chaudement recommandé ») pour compléter mon « top 10 ».

    Close.jpgLéo et Rémi ont 13 ans. Ils sont inséparables. Et puis, survient la rentrée scolaire. Là, les choses se gâtent avec le regard des autres qui interroge la nature profonde de leur relation. Sont-ils en couple ? Si pour Rémi cette question n’est pas de nature à remettre en cause sa relation symbiotique avec Léo, il en est tout autrement pour ce dernier qui met de la distance avec Rémi qui le vit de plus en plus mal. On n’en dira pas plus si ce n’est que la mère de Rémi occupe une place prépondérante dans le film.

    Grand Prix du Festival de Cannes 2022, on se demande comment il n’a pas eu la Palme d’Or, « Close » fait partie du cercle restreint des films dont on se souvient longtemps tant il est fort en émotions. Porté par ses deux formidables jeunes acteurs éclatant de sincérité, eux-mêmes fort bien entourés par leur deux « mères » Emilie Dequenne et Léa Drucker, le film touche en plein cœur pratiquement de la première à la dernière minute. La remarquable mise en scène de Lukas Dhont (réalisateur du déjà très bon « Girl »), la caméra qui filme à hauteur des garçons, les gros plans, l’utilisation de la lumière et la finesse d’un scénario qui évite le piège du pathos font de « Close » un film bouleversant.  

    La nuit du 12.jpgA la Police Judiciaire (PJ), chaque enquêteur tombe forcément un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre puisque 20% des 800 homicides annuels en France restent non élucidés. Et parfois jusqu’à l’obsession. C’est ce qui arrive à Yohan avec l'assassinat sordide de la jeune Clara. Les suspects ne manquent pourtant pas, mais les preuves manquent.

    « La Nuit du 12 » est adapté d’un livre de Pauline Guéna paru en 2021, et plus précisément d’une trentaine de pages, sur 500, qui relate l’enquête du film. L’autrice a passé une année en immersion dans les services de la PJ. Le quotidien professionnel de ces enquêteurs, surtout des hommes, et la manière dont il peut influencer leur vie privée est remarquablement mis en scène par Dominik Moll. On s’attache très vite aux personnages d’une grande humanité, et tout particulièrement à Yohan et Marceau formidablement interprétés par Bastien Bouillon et Bouli Lanners. Ce polar qui questionne la masculinité, dénonce les violences faites aux femmes et privilégie les rapports humains est captivant bien au-delà de son intrigue.

    Petite nature.jpgJohnny, 10 ans, est le cadet d’une fratrie de trois enfants élevés par leur mère vendeuse de cigarettes dans une cité HLM en Lorraine. Il est intelligent et fait preuve d’une grande sensibilité. Sa rencontre avec son nouvel enseignant, qui croit au potentiel de cet élève particulier, va lui ouvrir un champ des possibles insoupçonné jusqu’alors et lui permettre de s’affirmer dans son identité sociale et personnelle.

    L’éveil sexuel d’un garçon de 10 ans, qui plus est à l’égard d’un adulte, est un sujet délicat à tourner. A ce titre, ce film d’apprentissage est traité avec une grande finesse et une sensibilité qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté. Porté par une distribution de grande qualité, le jeune Aliocha Reinert est époustouflant, Antoine Reinartz (l’instituteur) et la débutante Mélissa Olexa (la mère) ne sont pas en reste, « Petite nature » touche en plein cœur, à l’image de sa scène finale d’une folle intensité.

    Les jeunes amants.jpgShauna et Pierre se sont furtivement croisés quinze auparavant : elle était au chevet de son amie atteinte d’un cancer, lui son oncologue. Le hasard va à nouveau les réunir, mais cette fois-ci d’une manière qui va leur permettre de faire mieux connaissance jusqu’à tomber amoureux l’un de l’autre. Rien d‘exceptionnel, à la différence près que Shauna a 70 ans et Pierre 45. Il est de plus marié, père de deux enfants et ne cache pas à sa femme qu’il entretient une relation avec Shauna.

    Si le film n’est pas parfait, il y a des (petites) longueurs et quelques scènes connexes, notamment celles avec les enfants de Pierre qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire, il n’en demeure pas moins qu’il faut absolument le voir parce qu’il a LA qualité qui fait toute la magie du cinéma : l’émotion. Porté par une Fanny Ardant éblouissante et un Melvil Poupaud bouleversant, on n’oubliera pas d’y associer les seconds rôles, dont Cécile de France, également remarquables, « Les jeunes amants » fait preuve de justesse, de tendresse et de délicatesse jusqu’à l’ultime plan. Un beau film.

    The Batman.jpgAvec quelques alliés de confiance, Batman s’est imposé comme un justicier solitaire à même de venger ses concitoyens. Lorsqu’un tueur sadique s’en prend à l’élite corrompue de la ville en lui laissant à chaque meurtre un message qui s’apparente à un jeu de pistes, Batman n’a pas d’autres choix que d’enquêter dans le milieu de la pègre et de tenter de rétablir la justice mise à mal à Gotham City.

    Cette neuvième adaptation cinématographique du super-héros sans pouvoirs particuliers séduit par son côté sombre, souligné par une musique mélancolique, au sens propre et figuré : l’action se passe de nuit, au crépuscule et à l’aube et la pluie est omniprésente. Quant à Batman, il porte sur ses épaules son passé tragique et mérite son qualificatif de chevalier noir. Porté par une excellente distribution et une histoire qui, à l’exception d’une dernière demi-heure trop longue et moralisatrice, captive durant les trois heures que dure le film, « The Batman » s’inscrit dans la veine de l’excellent « Jocker » de 2019.

    En Corps.jpgElise, 26 ans, est une danseuse classique reconnue. Lorsqu’elle se blesse gravement au cours d’un spectacle, sa carrière est mise entre parenthèses, peut-être de manière définitive, et sa vie bouleversée. Elle va devoir apprendre à se réparer, au sens propre et figuré, et s’ouvrir à de nouvelles expériences qui vont la conduire à découvrir une autre façon de vivre.

    Passionné de danse depuis toujours, Cédric Klapisch met en scène avec virtuosité la danse classique et la danse contemporaine et leur complémentarité fort bien incarnée par le personnage d’Elise. Si l’on peut reprocher au film un scénario un peu trop convenu, il n’en demeure pas moins que « En Corps », joli jeu de mots avec « encore », dégage une grande humanité. Il est également au bénéfice d’une formidable distribution, la danseuse Marion Barbeau donnant le change à des actrices et acteurs reconnus tels que Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil et Denis Podalydès. Optimiste, drôle, sensible, émouvant, bienveillant, et virevoltant, le film fait chaud au cœur et bien évidemment au corps.

    Flee.jpgA 36 ans, Amin, réfugié afghan homosexuel, accepte de raconter son histoire. Allongé les yeux clos face au cinéaste, son ami depuis près de vingt ans, il replonge dans son passé, de son enfance heureuse à Kaboul dans les années 80 à son traumatisme de la fuite de sa famille pendant la guerre civile, avant l’arrivée au pouvoir des talibans. Après des années de clandestinité en Russie, Amin arrive seul au Danemark. Au fil de son récit, le passé enfoui au plus profond de sa mémoire remonte à la surface avec une grande émotion.

    « Flee » est un documentaire d'animation qui mêlent des images en couleurs lorsque les souvenirs sont précis et monochromes lorsqu'ils se font flous. Des archives de journaux télévisés entrecoupent aussi le récit pour rappeler qu’il s’ancre dans la réalité. Le film a été nommé trois fois aux Oscars 2022 et a reçu plus de 80 prix à travers le monde ! Un tel succès s’explique par le fait que le réalisateur « n’a pas cherché à faire un film politique : il voulait raconter l’histoire d’un ami, le récit universel de quelqu’un qui cherche sa place. Mais sa perspective a évolué, tant son récit donnait un visage humain à une expérience vécue par des millions de gens. » Un film puissant, délicat et profondément humain.

    The last bus.jpgTom et son épouse ont vécu un drame lorsqu’ils étaient jeunes mariés. Pour tenter de l’oublier, ils ont quitté le sud de l’Angleterre, où ils avaient vécu leur jeunesse, pour aller vivre tout au nord de l’Ecosse. Veuf depuis peu de temps et à présent nonagénaire, Tom décide de renouer avec son passé et d’entreprendre un très long voyage risqué en bus vers ses origines alors que ses forces déclinent de jour en jour. Pas de quoi toutefois l’arrêter pour atteindre son objectif ultime quand bien même son périple va se révéler plein d’obstacles et faire de lui un héros des réseaux sociaux, où quand les mondes ancien et moderne se rejoignent…

    On s’attache dès le début à ce vieil homme borné mais plein d’humanité qui n’hésite pas, malgré sa vulnérabilité due à son grand âge, à défendre ses valeurs. Porté par un Timothy Spall épatant, il vaut la peine d’embarquer dans « The last bus » qui traverse de superbes paysages, réserve bien des rebondissements et donne beaucoup d’émotions.

    En roue libre.jpgLa vie de Louise, la quarantaine, infirmière, manque de sel. Jusqu’au jour où, victime d’une attaque de panique, elle n’arrive plus à sortir de sa voiture. Cette situation, déjà embarrassante en elle-même, se complique lorsque Paul, jeune homme paumé qui veut venger la mort de son frère, vole la voiture de Louise et, du coup, la kidnappe. Les voilà embarqués, malgré eux, dans un road-movie qui va leur réserver bien des surprises.

    « En roue libre » est un film déjanté, qui flirte parfois avec l’absurde, mais qui tient la route de bout en bout. A vrai dire, c’est le plus souvent épatant grâce à deux comédiens formidables (Marina Foïs et Benjamin Voisin qui confirme son talent découvert dans « Illusions perdues »), des personnages secondaires hauts en couleur (l’autostoppeuse, le psy, les gens du voyage) qui évitent à l’intrique de tourner en rond et une réalisation qui tire le maximum de ce qui s’apparente à un huis-clos routier. Une très bonne surprise dans le paysage trop souvent lassant de la comédie française !

    Revoir Paris.jpgAlors qu’elle rentre chez elle à moto, Mia est contrainte de se réfugier dans une brasserie en raison d’une pluie diluvienne. Peu de temps après son arrivée, des terroristes font irruption dans le restaurant et tirent sur tout ce qui bouge. Cachée sous une table, elle en réchappe miraculeusement. Après s’être éloignée trois mois chez sa mère, Mia revient à Paris. Elle ne se souvient plus de rien. Elle décide alors de retourner sur les lieux du drame. Grâce à la rencontre d’autres rescapés, à son obstination et son courage, elle va, non sans mal et avec quelques surprises à la clé, reconstituer le fil des événements.

    Avec un tel sujet, « Revoir Paris » aurait pu facilement tomber dans le sensationnalisme. Il n’en est absolument rien, à l’image de l’attaque terroriste qui ne fait pas dans la surenchère. Elle permet toutefois de comprendre ce que vit Mia à ce moment-là et pourquoi il est si difficile de se reconstruire quand on a vécu quelque chose d’aussi traumatisant.  Si Mia est au centre de l’intrigue, le film décrit également avec justesse d’autres personnages impactés directement ou indirectement, dont le compagnon de Mia, par cette tragédie. Subtil, sensible, profondément humain, « Revoir Paris », porté par Virginie Efira une fois de plus impeccable, est un très beau film sur la résilience.

    Et les autres « 4 étoiles » par ordre alphabétique :

    « A plein temps », « Annie Colère », « Bros », « Grosse Freiheit », « La revanche des crevettes pailletées », « Les Amandiers », « Leo Grande », « Presque » et « Top Gun : Maverik ».