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Film - Page 9

  • « Rien à perdre », « L’Enlèvement », « Une année difficile », « L’Abbé Pierre » « La Petite » et 6 autres films à l’affiche

    IMG_3461.jpg4 étoiles. « Rien à perdre ». Sylvie élève seule ses deux enfants, Sofiane, une dizaine d’années, et Jean-Jacques, un adolescent proche de l’âge adulte. Elle travaille le soir dans un bar. Une nuit, Sofiane se brûle en voulant se faire des frites alors qu’il est seul dans l’appartement. Suite à cet accident, les services sociaux sont alertés et décident de placer Sofiane en foyer, le temps de mener l’enquête. Ne comprenant pas cette décision, Sylvie se lance dans un combat judiciaire pour récupérer son fils.

    Avec « Rien à perdre, la réalisatrice Delphine Deloget, dont c’est le premier film, voulait filmer ce qui reste d’une famille quand tout explose et raconter comment cette même famille apprend, dans la douleur, à vivre les uns sans les autres. Et on ajoutera, comment elle n’y arrive pas, à l’image d’une fin, bien que fort peu vraisemblable, qui ne laisse d’autre choix aux protagonistes que de trouver une solution qui n’en est pas vraiment une pour ne pas sombrer totalement. Porté par une Virginie Efira une nouvelle fois formidable, et fort bien entourée par d’excellents seconds rôles, ce drame social prend aux tripes. En évitant une vision manichéenne, il interroge sur le sujet hautement délicat du « faut-il retirer la garde ou non » à des parents apparemment défaillants et les conséquences qui peuvent aller avec. Bouleversant.

    L'enlèvement.jpg4 étoiles. « L’Enlèvement ». Bologne, 1858. Dans le quartier juif, les soldats du Pape viennent prendre Edgardo, sept ans, fils de Momolo et Marianna Mortara. Ils en ont reçu l’ordre parce qu’il aurait été baptisé en secret par sa nourrice quand il était bébé. Et selon la loi pontificale, il doit recevoir une éducation catholique. Choqués par cet enlèvement, les parents d’Edgardo vont se lancer dans un long combat pour le récupérer. Il prend des allures politiques à une période où le pouvoir du Pape est vacillant. Quant à Edgardo, il n’a pas d’autre choix que de se soumettre à cette instruction religieuse qui n’est pas le sienne.

    Pour Marco Bellochio, le réalisateur, « l’enlèvement du petit Edgardo symbolise la volonté désespérée, ultraviolente, d’un pouvoir déclinant qui essaye de résister à son propre effondrement, en contrattaquant. » Adaptation d’une histoire vraie, « L’Enlèvement » est à la fois un drame, une fresque historique, un thriller judiciaire et un pamphlet contre les puissants. Le film est passionnant du début à la fin, malgré quelques petites longueurs, et formellement magnifique grâce à sa photographie, ses décors, ses costumes et sa mise en scène. La distribution n’est pas en reste avec, notamment, un Edgardo enfant joué par Enea Sala, charismatique. Du cinéma de grande qualité.

    Une année difficile.jpg4 étoiles. « Une année difficile ». Albert et Bruno ont un point commun : ils sont surendettés en raison de leur incapacité à réfréner leur besoin compulsif d’acheter. Alors qu’ils tentent d’intégrer un programme qui pourrait les aider à effacer tout ou en parie leurs dettes, ils rencontrent par hasard un groupe d’activistes écologistes. Plus attirés par les chips et les bières gratuites, et en ce qui concerne Albert également par une militante, que par leurs arguments, ils vont intégrer sans conviction le mouvement.

    « Une année difficile » est un film qui selon les deux réalisateurs Eric Toledano et Oilvier Nakache (« Intouchables », « Le sens de la fête », « Hors normes », « En thérapie », entre autres) « relient deux sujets, le surendettement et l’écologie, qui en apparence n’ont pas grand-chose à voir, et pourtant, les appartements vides peuvent porter plusieurs histoires, la récente visite d’huissiers ou une volonté de dénuement, de minimalisme et de décroissance. » Et force est de constater que la mayonnaise prend fort bien entre ces deux thèmes grâce à un scénario efficace, malgré parfois quelques ficelles un peu grosses, une distribution impeccable, sa drôlerie qui côtoie l’aspect grave des sujets abordés et son rythme qui ne baisse pas du début (formidable scène d’introduction) à la fin.

    L'Abbé Pierre.jpg3 étoiles. « L’Abbé Pierre ». Comme son titre l’indique, le film raconte la vie de celui qui fut une icône du vingtième siècle en France, et même au-delà, et dont le souvenir est encore marquant plus de quinze ans après sa mort. Pour incarner un personnage aussi emblématique, il fallait un comédien à la hauteur. Et tel est bien le cas avec Benjamin Lavernhe qui est totalement crédible dans le rôle sur une septantaine d’années grâce à l’évolution de sa posture, de sa voix et au maquillage impressionnant. Mais malgré son acteur principal, le film ne convainc pas totalement.

    En effet, le long-métrage hésite entre image public du prêtre, telle une vedette du show business, et intime, notamment les relations avec son assistante (remarquable Emmanuelle Bercot) ou celles avec les compagnons d’Emmaüs. On peut également regretter des ellipses importantes dans le récit qui donne une impression de « best of » de la vie de l’Abbé Pierre. Le film aurait sans doute gagné en intensité en se focalisant plus particulièrement sur la situation des sans-abris, y compris de nos jours, comme la fin le laisse entrevoir. Ceci dit, le parcours de l’Abbé Pierre est édifiant à bien des égards et mérite d’être (re)découvert

    La petite.jpg2 étoiles. « La Petite ». Le fils de Joseph et son compagnon attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Suite à leur décès dans un accident d’avion, Joseph s’inquiète de l’avenir de l’enfant et se demande s’il n’en est pas le grand-père légitime, son fils étant le donneur. Il se met alors en tête de retrouver la mère porteuse, dont il ne sait absolument rien. Son enquête le conduira à Gand où il va faire la connaissance d’une jeune femme qui ne va pas le recevoir comme il aurait pu l’espérer.

    Cantonné le plus souvent à des rôles d’hyperactifs excités, Fabrice Lucchini change de registre dans « La Petite ». Comme il le dit lui-même « il n’avait jamais joué un personnage qui soit à ce point-là dans le rien. Joseph est un type vidé de tout, qui part d’un univers très sombre et qui, paradoxalement, et de manière presque prophétique, sent peu à peu qu’il va vers la vie. » Sa performance, toute en retenue et à laquelle on associera celle de la jeune actrice belge Mara Taquin, est incontestablement la grande réussite d’un film au scénario certes touchant, mais prévisible et qui aurait mérité un traitement plus en profondeur de la problématique de la gestation pour autrui (GPA).

    Toujours à l’affiche

    Anatomie d'une chute.jpg4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

    Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.

    The Old Oak.jpg3 étoiles. « The Old Oak ». Propriétaire du « Old Oak », un pub situé dans une petite ville autrefois minière du nord de l’Angleterre, TJ Ballantyne sert chaque jour les mêmes clients désœuvrés qui viennent s’y retrouver pour passer le temps. L’arrivée de réfugiés syriens va créer de fortes tensions, ce qui ne va toutefois pas empêcher TJ de tisser des liens d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de réunir autochtones et étrangers autour d’un projet de cantine pour les plus démunis et ainsi redonner vie à la communauté locale.

    Fidèle à ses principes, un cinéma socialement engagé et profondément humain, Ken Loach, 87 ans, met en scène deux communautés en difficulté au sein desquelles émergent des personnages qui vont être capables de créer des ponts entre elles malgré les obstacles. Si l’on peut reprocher à « The Old Oak » un scénario trop prévisible, un manque de nuance entre les « gentils » et les « méchants » et un usage exagéré de la corde sensible, il n’en demeure pas moins que l’espoir et l’optimisme qui s’en dégagent font du bien.

    Second tour.jpg3 étoiles. « Second Tour ». Journaliste politique rétrogradée à la rubrique football en raison de sa manière peu orthodoxe de couvrir l’actualité, Mlle Pove, suite à un concours de circonstances, est sollicitée par la direction de sa chaine pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. L’archifavori est Pierre-Henry Mercier, héritier d’une riche et puissante famille française, qui débute en politique. En suivant le candidat, Mlle Pove et son acolyte cameraman vont petit à petit découvrir que Pierre-Henry Mercier est un personnage bien plus complexe qu’il en a l’air.

    Fable politique rocambolesque, « Second tour » est parfois drôle et même émouvant, mais également irritant en raison de sa vision manichéenne sur le pouvoir. Un peu plus de nuances dans le message idéaliste (naïf ?) que délivre le film n’aurait pas été de trop. Ceci étant dit, les nombreux rebondissements, bien que peu crédibles, qui donnent au long-métrage un rythme soutenu de bout en bout, des dialogues bien écrits et une distribution qui joue bien son rôle « second degré » font que l’on passe au final un bon moment avec la dernière réalisation d’Albert Dupontel.

    Coup de chance.jpg3 étoiles. « Coup de chance ». Fanny est mariée avec Jean, un homme riche, et ils filent, en apparence du moins, le parfait amour. Mais lorsque Fanny rencontre, par hasard, Alain, un ancien camarade de lycée devenu écrivain et qui lui avoue qu'il a toujours été amoureux d'elle, ses certitudes sur sa vie de couple vont être remises en question. Et Jean va finir par s’en rendre compte et dévoiler petit à petit une personnalité qui contraste avec celle qu’il donne en public. 

    « Coup de chance » démarre comme un vaudeville, puis prend des allures de thriller avant de se terminer en comédie policière. Malgré un propos léger, le film tient en haleine, après un démarrage en douceur, grâce à ce qu’il faut de rebondissements, un second degré parfois jouissif et par un trio d’acteurs (Lou de Laâge, Melvil Poupaud et Valérie Lemercier) très convaincant. On notera également que la photographie est magnifique, un régal pour l’œil. Le cinquantième long métrage de Woody Allen, et son premier tourné en français, n’est certes pas un chef d’œuvre, mais il permet de passer un moment agréable.

    Bernadette.jpg3 étoiles. « Bernadette ». Quand Bernadette Chirac devient la Première dame de France en 1995, elle pense qu’elle aura enfin la reconnaissance qu’elle mérite après avoir toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président de la République. Mais jugée trop ringarde, elle est au contraire mise sur la touche. Bernadette ne va toutefois pas se laisser faire et trouver petit à petit sa place jusqu’à devenir une figure médiatique incontournable.

    Bien que le film soit inspiré de faits réels et publics, il n’en demeure pas moins que c’est une fiction. La réalisatrice, Léa Domenach, a choisi de raconter le parcours « présidentiel », soit entre 1995 et 2007, de Bernadette Chirac à travers une comédie satirique qui se moque avec bienveillance de ce monde politique français au masculin en mettant en valeur une Première dame irrévérencieuse, maline, décalée, drôle ou encore excellente tacticienne. Portée par une Catherine Deneuve formidable et des seconds rôles qui jouent fort bien le côté caricatural de leur personnage, « Bernadette » se laisse voir avec un plaisir certain.

    Oppenheimer.jpg2 étoiles. « Oppenheimer ». En 1942, persuadés que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les USA décident, secrètement, de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Robert Oppenheimer, brillant physicien, est responsable de ce projet. Avec son équipe de scientifiques, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, il va réussir à fabriquer cette arme qui sera utilisée à Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945.

    A lire ce synopsis, on pourrait penser que « Oppenheimer » est un film qui raconte le processus qui a amené à la fabrication de la bombe atomique. S’il en est bien évidemment question, le long-métrage, qui porte bien son nom avec ses 3 heures, est également très politique puisqu’on a reproché ensuite à celui qui était devenu un héros national d’être proche du parti communiste dans une Amérique qui avait développé un fort sentiment anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ces deux approches scientifique et politique, une en couleur et l’autre en noir et blanc, se mêlent les unes aux autres dans une première partie confuse avec ses nombreux flashbacks et ses personnages qui donnent le tournis tant il y en a. Et ils parlent beaucoup, beaucoup trop. Il faut donc s’accrocher pour ne pas être largué malgré l’excellent jeu des acteurs et une musique (trop) omniprésente qui empêche tout juste de s’endormir. Heureusement, la seconde partie est plus digeste grâce à des scènes spectaculaires et au conflit intérieur fort bien mis en scène du personnage principal. Il n’en demeure pas moins que la fin, très politique, est interminable. Qui trop embrasse, mal étreint. 

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • « Le procès Goldman », « Le règne animal », « The Old Oak », « Second Tour » «  Coup de chance », « Bernadette », « Un métier sérieux » et 4 autres films à l’affiche

    Le procès Goldman.jpg5 étoiles. « Le procès Goldman ». Avril 1976. Le second procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche condamné en première instance à la réclusion criminelle pour quatre braquages à main armée dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, débute. S’il reconnaît avoir commis 3 braquages, Goldman clame son innocence concernant celui qui a conduit au meurtre des deux femmes. S’il était reconnu coupable, il risque la peine capitale. Défendu par un jeune avocat auquel il ne fait pas vraiment confiance, Goldman, intenable et provocateur, n’hésite pas pendant son procès à intervenir lui-même.

    Film de procès qui résonne avec l’actualité, l’action se passe à 95% dans la salle d’audience, le long-métrage, qui n’est pas une reconstitution fidèle mais s’en approche, de Cédric Kahn mérite incontestablement les critiques élogieuses qui lui sont faites. Brillamment interprété, mis en scène (les gros plans qui captent les réactions du public sont révélateurs de l’ambiance qui règne dans la salle) et écrit, « Le procès Goldman » tient en haleine du début à la fin. Son style épuré (pas de flashback, pas de musique, un écran carré avec une image qui rappelle les films des années 70) met l’art oratoire en valeur grâce à d’excellents dialogues et plonge le spectateur au cœur du procès. A ne pas manquer.

    Le règne animal.jpg4 étoiles : « Le règne animal ». Dans un monde contemporain au nôtre, certains humains se transforment en animaux. C’est le cas de la femme de François qui est touchée par cette mystérieuse mutation et qui est finalement emmenée dans un centre spécialisé dans les Landes pour être « soignée ». Pour rester près d’elle, François et son fils Emile, 16 ans, déménagent dans la région. Mais des événements inattendus vont bouleverser à jamais la relation père-fils et leur existence.

    Conte fantastique, toutefois bien ancré dans notre monde actuel, et écologique qui s’adresse à un large public, pas besoin en effet d’être un fan de science-fiction pour apprécier le film, « Le règne animal » est aux croisements de la comédie, du drame et du thriller. Inclassable. Si la relation père-fils, les deux acteurs sont très touchants, est au cœur du film, celle que nous entretenons de nos jours avec la nature ne l’est pas moins. Grâce à un scénario intelligent, une bande-son qui occupe une remarquable place, une photographie magnifique, des décors naturels et des effets spéciaux à couper le souffle, le réalisateur Thomas Cailley a pleinement atteint son objectif qui était, face à l’urgence climatique, de faire un film qui explore nos interactions avec le reste du vivant. A découvrir.

    IMG_3206.jpg3 étoiles. « The Old Oak ». Propriétaire du « Old Oak », un pub situé dans une petite ville autrefois minière du nord de l’Angleterre, TJ Ballantyne sert chaque jour les mêmes clients désœuvrés qui viennent s’y retrouver pour passer le temps. L’arrivée de réfugiés syriens va créer de fortes tensions, ce qui ne va toutefois pas empêcher TJ de tisser des liens d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de réunir autochtones et étrangers autour d’un projet de cantine pour les plus démunis et ainsi redonner vie à la communauté locale.

    Fidèle à ses principes, un cinéma socialement engagé et profondément humain, Ken Loach, 87 ans, met en scène deux communautés en difficulté au sein desquelles émergent des personnages qui vont être capables de créer des ponts entre elles malgré les obstacles. Si l’on peut reprocher à « The Old Oak » un scénario trop prévisible, un manque de nuance entre les « gentils » et les « méchants » et un usage exagéré de la corde sensible, il n’en demeure pas moins que l’espoir et l’optimisme qui s’en dégagent font du bien.

    Second tour.jpg3 étoiles. « Second Tour ». Journaliste politique rétrogradée à la rubrique football en raison de sa manière peu orthodoxe de couvrir l’actualité, Mlle Pove, suite à un concours de circonstances, est sollicitée par la direction de sa chaine pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. L’archifavori est Pierre-Henry Mercier, héritier d’une riche et puissante famille française, qui débute en politique. En suivant le candidat, Mlle Pove et son acolyte cameraman vont petit à petit découvrir que Pierre-Henry Mercier est un personnage bien plus complexe qu’il en a l’air.

    Fable politique rocambolesque, « Second tour » est parfois drôle et même émouvant, mais également irritant en raison de sa vision manichéenne sur le pouvoir. Un peu plus de nuances dans le message idéaliste (naïf ?) que délivre le film n’aurait pas été de trop. Ceci étant dit, les nombreux rebondissements, bien que peu crédibles, qui donnent au long-métrage un rythme soutenu de bout en bout, des dialogues bien écrits et une distribution qui joue bien son rôle « second degré » font que l’on passe au final un bon moment avec la dernière réalisation d’Albert Dupontel.

    Coup de chance.jpg3 étoiles. « Coup de chance ». Fanny est mariée avec Jean, un homme riche, et ils filent, en apparence du moins, le parfait amour. Mais lorsque Fanny rencontre, par hasard, Alain, un ancien camarade de lycée devenu écrivain et qui lui avoue qu'il a toujours été amoureux d'elle, ses certitudes sur sa vie de couple vont être remises en question. Et Jean va finir par s’en rendre compte et dévoiler petit à petit une personnalité qui contraste avec celle qu’il donne en public. 

    « Coup de chance » démarre comme un vaudeville, puis prend des allures de thriller avant de se terminer en comédie policière. Malgré un propos léger, le film tient en haleine, après un démarrage en douceur, grâce à ce qu’il faut de rebondissements, un second degré parfois jouissif et par un trio d’acteurs (Lou de Laâge, Melvil Poupaud et Valérie Lemercier) très convaincant. On notera également que la photographie est magnifique, un régal pour l’œil. Le cinquantième long métrage de Woody Allen, et son premier tourné en français, n’est certes pas un chef d’œuvre, mais il permet de passer un moment agréable.

    Bernadette.jpg3 étoiles. « Bernadette ». Quand Bernadette Chirac devient la Première dame de France en 1995, elle pense qu’elle aura enfin la reconnaissance qu’elle mérite après avoir toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président de la République. Mais jugée trop ringarde, elle est au contraire mise sur la touche. Bernadette ne va toutefois pas se laisser faire et trouver petit à petit sa place jusqu’à devenir une figure médiatique incontournable.

    Bien que le film soit inspiré de faits réels et publics, il n’en demeure pas moins que c’est une fiction. La réalisatrice, Léa Domenach, a choisi de raconter le parcours « présidentiel », soit entre 1995 et 2007, de Bernadette Chirac à travers une comédie satirique qui se moque avec bienveillance de ce monde politique français au masculin en mettant en valeur une Première dame irrévérencieuse, maline, décalée, drôle ou encore excellente tacticienne. Portée par une Catherine Deneuve formidable et des seconds rôles qui jouent fort bien le côté caricatural de leur personnage, « Bernadette » se laisse voir avec un plaisir certain.

    Un métier sérieux.jpg2 étoiles. « Un métier sérieux ». C’est la rentrée scolaire au collège et les retrouvailles d’un groupe d’enseignants engagés et soudés après les vacances d’été. Ils sont rejoints par Benjamin, jeune professeur remplaçant qui fait ses débuts dans le métier. Il se retrouve rapidement confronté aux difficultés de ce dernier. Au contact de ses collègues, et malgré un contexte pas toujours simple, il va découvrir que l’enseignement demeure une passion.

    Après trois films réussis dans le milieu médical (« Hippocrate », « Médecin de campagne » et « Première année »), Thomas Lilti change d’univers, celui de l’enseignement. La recette reste toutefois la même puisqu’il est toujours question d’engagement et d’aborder la fiction par le réel avec des personnages attachants, d’excellents acteurs et d’indéniables qualités sur la manière de tourner. Mais cette fois-ci on reste sur sa faim en raison d’un scénario qui multiplie les situations prévisibles dans un collège et laisse peu de place à l’émotion, contrairement aux trois précédents long-métrages du réalisateur. Un film trop « sérieux ».

    Toujours à l’affiche

    Anatomie d'une chute.jpg4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

    Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.

    Le Livre des Solutions.jpg2 étoiles. « Le Livre des Solutions ». Le dernier long-métrage de Marc ne plaît pas du tout à la production qui veut en modifier le montage. Pour éviter que cela n’arrive, il s’enfuit chez sa tante Denise dans un village des Cévennes avec son film sous le bras et toute son équipe pour retravailler lui-même son œuvre. Sur place, sa créativité débordante le plonge, ainsi que son entourage, dans un véritable chaos. Pour tenter de se canaliser, Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions.

    Inspiré par la propre vie du réalisateur Michel Gondry, diagnostiqué bipolaire, « Le Livre des Solutions » part dans tous les sens avec ses côtés positifs et négatifs. C’est à la fois drôle (le dessin animé au milieu du film, par exemple), génial (la scène où Marc joue le chef d’orchestre) et émouvant (les scènes avec sa tante), mais également agaçant (le personnage de Marc n’est pas sympathique) et lassant (le film finit par tourner en rond). Mais le tout se laisse voir avec un certain plaisir grâce à des seconds rôles irréprochables et à la performance de Pierre Niney qui est, une fois de plus, époustouflant.

    Barbie.jpg2 étoiles. « Barbie ». A Barbie Land, tout est parfait. A condition de ne pas se poser de question et de ne pas être Ken. Un jour, Barbie a subitement une pensée sur la mort. Elle est suivie d’une transformation physique. Pour tenter de comprendre ce qui lui arrive, la Barbie bizarre lui conseille d’aller dans le monde réel. Accompagnée de Ken, qui n’en croira pas ses yeux quand il découvrira que les rapports entre les genres ne sont pas du tout les mêmes qu’à Barbie Land, elle va faire ce voyage qui va lui réserver bien des surprises.

    Reconnaissons tout d’abord au film ses indéniables qualités visuelles qui rendent justice au monde de Barbie jusque dans les moindres détails. Le soin apporté aux décors, aux costumes ou encore à la musique n’est pas en reste. Et, bien évidemment, les actrices et acteurs ont la silhouette de l’emploi. Le film n’est pas dénoué d’humour avec des situations cocasses, spécialement lors de la confrontation entre l’univers féministe de Barbie et celui très masculin du monde réel que Ken envie rapidement. Le patriarcat en prend pour son grade. C’est sans nuances, mais plutôt drôle. Malheureusement, la seconde partie, qui coïncide avec le retour de Barbie dans son univers, n’est pas à la hauteur de la première : elle est plus sérieuse, moins dynamique et se répète. Quant à la fin, elle tire en longueur donnant l’impression que les scénaristes ne savaient pas comment conclure.

    Oppenheimer.jpg2 étoiles. « Oppenheimer ». En 1942, persuadés que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les USA décident, secrètement, de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Robert Oppenheimer, brillant physicien, est responsable de ce projet. Avec son équipe de scientifiques, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, il va réussir à fabriquer cette arme qui sera utilisée à Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945.

    A lire ce synopsis, on pourrait penser que « Oppenheimer » est un film qui raconte le processus qui a amené à la fabrication de la bombe atomique. S’il en est bien évidemment question, le long-métrage, qui porte bien son nom avec ses 3 heures, est également très politique puisqu’on a reproché ensuite à celui qui était devenu un héros national d’être proche du parti communiste dans une Amérique qui avait développé un fort sentiment anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ces deux approches scientifique et politique, une en couleur et l’autre en noir et blanc, se mêlent les unes aux autres dans une première partie confuse avec ses nombreux flashbacks et ses personnages qui donnent le tournis tant il y en a. Et ils parlent beaucoup, beaucoup trop. Il faut donc s’accrocher pour ne pas être largué malgré l’excellent jeu des acteurs et une musique (trop) omniprésente qui empêche tout juste de s’endormir. Heureusement, la seconde partie est plus digeste grâce à des scènes spectaculaires et au conflit intérieur fort bien mis en scène du personnage principal. Il n’en demeure pas moins que la fin, très politique, est interminable. Qui trop embrasse, mal étreint. 

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • « L’Eté dernier », « Anatomie d’une chute », « Toni en famille », « Le Livre des Solutions » et 6 autres films à l’affiche

    IMG_2683.jpg4 étoiles. « L’Eté dernier ». Anne, une avocate renommée, est mariée à Pierre. Ils ont deux petites filles adoptées. L’harmonie familiale est perturbée quand Théo, 17 ans, fils de Pierre d’un précédent mariage, emménage chez eux après avoir rencontré des problèmes avec la police. Après des débuts relationnels tendus entre Théo et sa belle-mère, un rapprochement va s’opérer entre eux et les mener dans un engrenage dont ils auront toutes les peines du monde à sortir.

    Anne, remarquablement jouée par Léa Drucker, a beau être une avocate brillante, que l’on voit qui plus est défendre dans plusieurs scènes des mineures, une mère et une épouse attentionnée, elle ne peut résister à cette passion qui l’anime pour son beau-fils. « L’été dernier » est avant tout un film sur le désir dévorant qui conduit une adulte apparemment tout ce qu’il y a de plus responsable à franchir les limites, puis à essayer tant bien que mal de les réintégrer.  L’irrationnel est au cœur d’un long-métrage qui ne cherche ni à choquer ni à juger, à l’image d’une dernière scène subtile, comme d’ailleurs l’ensemble du film.

    Anatomie d'une chute.jpg4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

    Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.

    Toni en famille.jpg2 étoiles. « Toni en famille ». Toni élève seule ses cinq enfants, un job à plein temps. Elle chante également le soir dans des bars pour nourrir sa famille. Elle a connu le succès avec une chanson qui a cartonné plus de vingt ans auparavant. Mais aujourd’hui, la quarantaine dépassée et alors que ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université, Toni s’interroge sur son avenir : est-il encore temps pour elle de donner un nouvel élan à sa vie de femme ?

    Porté par Camille Cottin, qui est dans quasiment tous les plans et qui joue sa partition avec sensibilité, « Toni en famille » brosse le portrait plutôt touchant d’une famille monoparentale. Les personnages sont attachants, même si les cinq enfants ont des profils un brin caricaturaux, et les jeunes actrices et acteurs convaincants. Mais au final, c’est une impression d’inachevé qui l’emporte en raison d’un scénario qui aborde certains thèmes sans les creuser (le père des enfants, la relation entre Toni et sa mère, son passé de « star », sa vie de femme). En résumé, « Toni en famille » est le genre de film que l’on voit avec un certain plaisir, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.

    Le Livre des Solutions.jpg2 étoiles. « Le Livre des Solutions ». Le dernier long-métrage de Marc ne plaît pas du tout à la production qui veut en modifier le montage. Pour éviter que cela n’arrive, il s’enfuit chez sa tante Denise dans un village des Cévennes avec son film sous le bras et toute son équipe pour retravailler lui-même son œuvre. Sur place, sa créativité débordante le plonge, ainsi que son entourage, dans un véritable chaos. Pour tenter de se canaliser, Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions.

    Inspiré par la propre vie du réalisateur Michel Gondry, diagnostiqué bipolaire, « Le Livre des Solutions » part dans tous les sens avec ses côtés positifs et négatifs. C’est à la fois drôle (le dessin animé au milieu du film, par exemple), génial (la scène où Marc joue le chef d’orchestre) et émouvant (les scènes avec sa tante), mais également agaçant (le personnage de Marc n’est pas sympathique) et lassant (le film finit par tourner en rond). Mais le tout se laisse voir avec un certain plaisir grâce à des seconds rôles irréprochables et à la performance de Pierre Niney qui est, une fois de plus, époustouflant.

    Toujours à l’affiche

    Indiana Jones.jpg4 étoiles. « Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ». 1969. L’estimé professeur d’archéologie Jones est sur le point de prendre sa retraite. Mais c’est sans compter avec sa filleule Helena qui est à la recherche d’un objet rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le cadran d’Archimède qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. Dès qu’elle l’a en sa possession, Helena va chercher à le vendre au plus offrant. Mais le redoutable Jürgen Voller, qui convoite l’objet pour des raisons que l’on devine peu altruistes, ne l’entend pas de cette oreille. Indy n’a donc pas d’autre choix que de se remettre en selle pour éviter que le cadran d’Archimède ne tombe dans de mauvaises mains.

    Ce cinquième, et sans doute dernier, volet des aventures d’Indiana Jones, auquel on pourra juste reprocher quelques longueurs, n’est pas celui de trop, bien au contraire. « Indiana Jones et le Cadran de la Destinée » est en effet bourré d’actions et n’a rien à envier à un James Bond auquel il fait irrémédiablement penser, les gadgets en moins. L’humour est bien présent et il y a même de l’émotion dans la dernière partie. Le scénario tient parfaitement la route du début à la fin en exploitant au mieux le pouvoir de l’objet qui est au centre de l’intrigue. Quant au prologue qui se déroule en 1944, et qui par la magie de la technique rajeunit Indy de 25 ans, il est carrément époustouflant. Et puis, la distribution est excellente et parmi elle un Harrison Ford qui, malgré l’âge, crève une fois de plus l’écran par son charisme. Du cinéma de qualité.

    Mission Impossible Dead Reckoning.jpg3 étoiles. « Mission : Impossible Dead Reckoning ». Pour cette nouvelle mission, Ethan Hunt et son équipe doivent récupérer une clé qui donne accès à une arme capable de contrôler le futur. Si elle devait tomber dans de mauvaises mains, l’humanité entière serait menacée.

    Ce septième opus de Mission : Impossible avec Tom Cruise reprend bien évidemment les ingrédients à succès des six précédents. Les cascades, les poursuites ou les scènes d’action sont toujours aussi bien mises en scène et la dernière partie qui se déroule dans un train est carrément spectaculaire. Mais le fait d’avoir déjà vu à plusieurs reprises certaines de ces scènes dans d’autres films, comme la poursuite à Rome et les combats sur le dessus de wagons qui sont également dans le dernier Indiana Jones, amoindrit l’effet surprise.

    Quant à l’histoire, si elle est par moment un peu confuse, elle fait la part belle à ses personnages qui ne manquent pas d’humour et que l’on suit avec plaisir et intérêt qu’ils soient du côté des méchants ou des gentils. Ce septième épisode de 2h40, mais on ne voit pas le temps passé, répond aux attentes des fans de la franchise qui ne manqueront pas d’aller voir le huitième pour savoir ce que la fameuse clé ouvre…

    Le Bleu du Caftan.jpg3 étoiles. « Le Bleu du Caftan ». Halim et Mina sont mariés depuis de longues années. Ils tiennent un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé au Maroc. Le couple vit depuis le début de leur relation avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à traire et qu’il n’exprime que rarement dans la vapeur du hammam. La maladie de Mina et l’arrivée d’un apprenti aussi jeune que séduisant vont bouleverser cet équilibre acquis avec le temps.

    Dans sa première partie, le film souffre d’une lenteur excessive avec des scènes qui se répètent trop souvent. Malgré la beauté des tissus et de la manière de les coudre, l’ennui guette. Mais dans la seconde partie, quand la maladie de Mina s’aggrave, « Le Bleu du Caftan » prend une autre dimension. Les regards qui en disent long, l’économie du jeu des trois acteurs, leur sincérité, leur complicité éclatent à l’écran. Le « tiers » qui était vécu comme menaçant auparavant, devient alors un allié. Il va permettre aux trois protagonistes de trouver leur place dans une société marocaine patriarcale que la réalisatrice dénonce subtilement, à l’image de la magnifique et sensuelle scène de danse dans l’appartement ou de celles, dont la dernière courte mais tellement explicite, qui se déroulent dans le café.

    Barbie.jpg2 étoiles. « Barbie ». A Barbie Land, tout est parfait. A condition de ne pas se poser de question et de ne pas être Ken. Un jour, Barbie a subitement une pensée sur la mort. Elle est suivie d’une transformation physique. Pour tenter de comprendre ce qui lui arrive, la Barbie bizarre lui conseille d’aller dans le monde réel. Accompagnée de Ken, qui n’en croira pas ses yeux quand il découvrira que les rapports entre les genres ne sont pas du tout les mêmes qu’à Barbie Land, elle va faire ce voyage qui va lui réserver bien des surprises.

    Reconnaissons tout d’abord au film ses indéniables qualités visuelles qui rendent justice au monde de Barbie jusque dans les moindres détails. Le soin apporté aux décors, aux costumes ou encore à la musique n’est pas en reste. Et, bien évidemment, les actrices et acteurs ont la silhouette de l’emploi. Le film n’est pas dénoué d’humour avec des situations cocasses, spécialement lors de la confrontation entre l’univers féministe de Barbie et celui très masculin du monde réel que Ken envie rapidement. Le patriarcat en prend pour son grade. C’est sans nuances, mais plutôt drôle. Malheureusement, la seconde partie, qui coïncide avec le retour de Barbie dans son univers, n’est pas à la hauteur de la première : elle est plus sérieuse, moins dynamique et se répète. Quant à la fin, elle tire en longueur donnant l’impression que les scénaristes ne savaient pas comment conclure.

    Oppenheimer.jpg2 étoiles. « Oppenheimer ». En 1942, persuadés que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les USA décident, secrètement, de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Robert Oppenheimer, brillant physicien, est responsable de ce projet. Avec son équipe de scientifiques, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, il va réussir à fabriquer cette arme qui sera utilisée à Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945.

    A lire ce synopsis, on pourrait penser que « Oppenheimer » est un film qui raconte le processus qui a amené à la fabrication de la bombe atomique. S’il en est bien évidemment question, le long-métrage, qui porte bien son nom avec ses 3 heures, est également très politique puisqu’on a reproché ensuite à celui qui était devenu un héros national d’être proche du parti communiste dans une Amérique qui avait développé un fort sentiment anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ces deux approches scientifique et politique, une en couleur et l’autre en noir et blanc, se mêlent les unes aux autres dans une première partie confuse avec ses nombreux flashbacks et ses personnages qui donnent le tournis tant il y en a. Et ils parlent beaucoup, beaucoup trop. Il faut donc s’accrocher pour ne pas être largué malgré l’excellent jeu des acteurs et une musique (trop) omniprésente qui empêche tout juste de s’endormir. Heureusement, la seconde partie est plus digeste grâce à des scènes spectaculaires et au conflit intérieur fort bien mis en scène du personnage principal. Il n’en demeure pas moins que la fin, très politique, est interminable. Qui trop embrasse, mal étreint. 

    Magnificat.jpg2 étoiles. « Magnificat ». Suite au décès d’un prêtre, le médecin fait une découverte pour le moins déconcertante : le religieux est une femme ! Charlotte, chancelière du diocèse, décide alors de mener l’enquête, contre l’avis de son évêque qui veut étouffer l’affaire, pour savoir comment une telle imposture a été possible. Ses investigations seront également l’occasion de faire remonter à la surface un lourd secret qu’elle cache depuis de nombreuses années.

    Adapté du roman « Des femmes en noir » d’Anne-Isabelle Lacassagne, le but du film, selon sa réalisatrice Virginie Sauveur, n’est pas d’attaquer l’Eglise, mais d’être, si possible, un levier pour ouvrir le débat sur l’ordination des femmes prêtres. Pour que tel soit le cas, il aurait fallu que le film aborde ce sujet complexe d’une manière beaucoup plus fouillée et frontale. Il n’en est rien. « Magnificat » marche sur des œufs, et jamais bien loin de l’ennui, du début à la fin, en nous gratifiant au passage d’une sous-intrigue impliquant le fils de Charlotte dont on se serait passé. Quant à la révélation finale, elle est à l’image du film : peu convaincante.

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter