4 étoiles. « Pas de Vagues ». Julien est professeur de français dans un collège de banlieue. Jeune et dynamique, il a une approche pédagogique qui cherche à créer du lien entre lui et ses élèves. Il n’hésite pas à en prendre quelques-uns sous son aile, ce qui occasionne des jalousies : Julien est accusé de harcèlement par une élève et menacé de mort par le frère de cette dernière. Pris dans un engrenage infernal, qui va également avoir comme conséquence de révéler son homosexualité, et devant faire face à une direction qui veut éviter de faire des vagues, Julien pourra-t-il se sortir de cette situation ?
Inspiré d’un épisode que le réalisateur Teddy Lussi-Modeste a lui-même connu quand il était enseignant, « Pas de vagues » est un film sous haute tension qui décrit avec précision une mécanique qui s’emballe sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter, à commencer par une administration bien peu soutenante. Porté par un François Civil qui exprime à merveille toutes les émotions vécues par son personnage et de jeunes actrices et acteurs formidables, « Pas de vagues », grâce également à une mise en scène très réaliste, sonne juste du début à la fin avec une ultime scène d’une folle intensité.
4 étoiles. « Civil War ». Dans une Amérique qui fait face à une sécession de deux de ses Etats, Lee, photographe de guerre renommée, et Joel, journaliste, ont l'intention de se rendre à Washington D.C. pour interviewer et photographier le président avant que la ville ne tombe aux mains des insurgés. Accompagnés de Sammy, le mentor de Lee, et de Jessie, jeune photographe dont Lee est l’idole, ils vont entreprendre en voiture un voyage périlleux de 2000 km et se confronter à toute l’horreur de la guerre.
« Civil War » n’est pas un « blockbuster » comme un autre en raison de son hyperréalisme qui se traduit par un début qui, certes, manque un peu de rythme, mais c’est pour mieux cerner les personnages principaux et les enjeux qui les attendent au cours de leur périple. Une fois sur la route, les événements vont alors s’enchaîner à un tempo infernal, la dernière demi-heure est à couper le souffle, avec toujours le souci du réalisme. Et avec comme conséquence que certaines scènes sont dures, à l’image de ce qu’est la guerre. Ni plus. Ni moins. Avant tout célébration d’une profession, reporter de guerre, « Civil War » renvoie, avec une grande virtuosité cinématographique, une image d’un monde qui ressemble, hélas, furieusement au nôtre. Glaçant.
3 étoiles. « Un p’tit truc en plus ». Pour échapper à la police suite à un casse dans une bijouterie, un père et son fils trouvent refuge, bien malgré eux, dans une colonie de vacances pour jeunes en situation de handicap au milieu de nulle part. Le plus jeune se fait passer pour un pensionnaire et le plus âgé pour son éducateur spécialisé ce qui va inévitablement créer des quiproquos pour le pire, mais surtout pour le meilleur.
Le premier film du comique Artus, succès surprise avec deux millions d’entrées en France en moins de deux semaines d’exploitation, est une comédie, malgré son scénario (très) prévisible et un langage grossier trop répétitif, où l’on rit de bon cœur et qui sait également émouvoir grâce principalement à son excellente distribution. Les actrices et acteurs en situation de handicap sont, en effet, d’un naturel extrêmement touchant. Et il en est de même pour Artus qui a trouvé dans son interprétation et sa réalisation le juste équilibre pour éviter les écueils d’un sujet sensible.
Patrice, 7 ans, et Michel, 5 ans, sont abandonnés par leur mère en 1948. Ils s’enfuient dans la forêt où ils vont survivre pendant sept ans en ne pouvant compter que sur eux-mêmes. Unis à jamais par ce qu’ils ont vécu dans leur enfance, Patrice et Michel, au plus grand désarroi de leurs proches qui ignorent tout de leur passé, quittent tout quarante ans plus tard pour se retrouver à nouveau réunis dans la forêt. Les deux frères vont vivre une expérience qui, une fois encore, va bouleverser leurs vies à jamais.
Il ne suffit pas qu’une histoire soit vraie, et même si elle est incroyable et bouleversante, pour faire un bon film. « Frères » en est l’illustration malgré quelques scènes touchantes et une fin qui émeut. Temporalité non respectée (utilisation du smartphone dans les années 90…), montage à l’emporte-pièce qui imbrique excessivement les scènes d’enfance et contemporaines pour être sûr qu’on a bien compris le lien entre les deux, ellipses frustrantes (on sait peu de choses de la vie de Patrice et Michel entre les deux épisodes de forêt), voix off de Michel qui tente de combler tant bien que mal ce vide ou encore la question du secret de Patrice qui ne sera jamais révélé font que l’émotion qui devrait se dégager du film est en grande partie effacée par une réalisation mal maîtrisée. Dommage.
Toujours à l’affiche
4 étoiles. « Une vie ». Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un jeune banquier anglais va tout mettre en œuvre, avec l’aide de personnes qui sont sur place et d’autres, dont sa mère, qui sont à Londres, pour sauver des centaines d’enfants, pour la plupart juifs, promis à une mort certaine. N’écoutant que son courage et sa détermination, Nicolas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre où 669 enfants trouveront refuge.
Ce n’est qu’en 1988 que l’action héroïque de Nicolas Winton fut connue du grand public grâce à une émission de télévision. « Une vie » fait des aller et retour entre ces deux époques à l’aide de nombreux flashbacks. Si l’on peut reprocher au premier long-métrage de James Hawes d’être un peu trop classique dans sa forme, par contre on saluera la grande humanité et l’émotion, impossible de retenir ses larmes, qui s’en dégagent. Porté par une formidable distribution, dont Anthony Hopkins toujours aussi excellent, « Une vie » est un film, malgré son sujet difficile, positivement bouleversant car il montre que l’être humain peut aussi être capable du meilleur. Et ça fait du bien.
3 étoiles. « Il reste encore demain ». Rome, 1946. Delia est mère de trois enfants et mariée à Ivano, mari autoritaire et violent. En plus de s’occuper du foyer, dans lequel vit également son beau-père grabataire et désagréable, elle multiplie les petits boulots pour améliorer le revenu familial très modeste. Malgré ce contexte pesant, Delia fait contre mauvaise fortune bon cœur jusqu’au jour où elle prend conscience que sa fille qui s’apprête à célébrer ses fiançailles pourrait bien connaître le même sort qu’elle.
« Il reste encore demain » surprend dès sa première scène, toutefois peu crédible, qui glace le sang et donne le ton au film qui se situe entre la tragédie et la comédie. Dans la première partie, l’équilibre entre gravité et humour n’est pas toujours réussi, à l’image des scènes chorégraphiées de la violence conjugale qui laissent songeur. Dans la seconde partie, par contre, le film prend une autre dimension. Son interprète principale, Paola Cortellesi, lumineuse et également derrière la caméra, va prendre les choses en main pour lutter contre ce patriarcat étouffant. C’est fait de manière subtile grâce à un scénario qui réserve de belles surprises et une fin aussi inattendue que spectaculaire.
3 étoiles. « La Nouvelle femme ». Paris, 1900. Lili d’Alengy, courtisane renommée, a un secret : sa fille Tina est née avec un handicap mental et pourrait menacer sa carrière. Elle décide alors de l’emmener à Rome pour la faire placer dans une institution. Dans la capitale italienne, elle fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode révolutionnaire d’apprentissage pour les élèves dits « déficients » et cache également un secret. Les deux femmes vont petit à petit se rapprocher et s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes.
On peut reprocher à « La Nouvelle femme », qui aborde d’intéressants thèmes (la condition de la femme, la maternité, l’inclusion, la différence, la pédagogie, le patriarcat), un manque parfois de dynamisme et d’originalité dans sa réalisation. Mais cette dernière fait, par contre, preuve d’une infinie délicatesse qui se retrouve dans le jeu des deux excellentes actrices principales, dans le soin apporté aux costumes, aux décors, à la lumière ou encore dans les scènes avec les enfants, handicapés ou non. En conclusion, une histoire touchante qui rend justice à la fondatrice des écoles Montessori et brosse un tableau éclairant sur l’époque dans laquelle elle se déroule.
3 étoiles. « Scandaleusement vôtre ». Littlehampton, Sussex. 1920. Edith Swan reçoit des lettres anonymes au langage pour le moins fleuri. Rose Gooding, sa voisine irlandaise peu conformiste, est rapidement soupçonnée d’être l’autrice des missives. La police s’en mêle, mais ne va pas au-delà des apparences. C’est alors qu’une policière, la première à occuper un tel poste dans le Sussex, décide de mener une enquête parallèle, les preuves accusant Rose Gooding étant de son point de vue peu convaincantes.
Inspirée d’une histoire vraie et portée par des actrices formidables, cette comédie féministe so british à l’ancienne aborde les mœurs anglaises de l’époque en tirant à vue sur le patriarcat, l’intolérance, le racisme ou encore la bigoterie. C’est souvent drôle, les dialogues sont excellents, mais également plus émouvant à partir du moment que la personne coupable est connue. Alors, certes, le film a tendance à tourner un peu en rond dans sa seconde partie, mais cela n’enlève pas l’impression positive qui s’en dégage au moment du générique de fin.
5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter