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« Dossier 137 », « L’Etranger », « La femme la plus riche du monde », « La petite dernière », « Un simple accident »

Dossier 137.jpg4 étoiles. « Dossier 137 ». Stéphanie Bertrand, commandante à l’IGPN, la police des polices, enquête sur une affaire sensible : un jeune homme a été grièvement blessé lors d’une manifestation de Gilets jaunes. Les circonstances de ce drame ne sont pas claires et les responsabilités difficiles à établir. Stéphanie marche sur des œufs faisant preuve de la rigueur professionnelle dont elle est coutumière. Mais un élément inattendu va la troubler et ouvrir une faille entre devoir et conscience.

Dominik Moll, à qui l’on doit l’excellent « La Nuit du 12 », situe à nouveau son nouveau film dans l’univers policier, plus particulièrement dans celui de l’IGPN à la fois critiquée par les citoyens et mal vue par les collègues. Ce terrain de tension est remarquablement exploité par le réalisateur grâce au personnage de Stéphanie, interprété avec talent par Léa Drucker, qui se fissure au fur et à mesure que l’enquête avance, tout en essayant de garder la tête froide malgré les différentes pressions. Ne cherchant pas à dénoncer, mais à comprendre comment de telles bavures policières peuvent se produire, « Dossier 137 » encourage indéniablement à la réflexion sur le rôle de la police.

l'Etranger.jpg4 étoiles. « L’Etranger ». Alger, 1938. Meursault, la trentaine, modeste employé, enterre sa mère sans manifester la moindre émotion. Le lendemain, il entame une liaison avec Marie, sa collègue, comme si de rien n’était. Mais son voisin, un homme peu recommandable, va bousculer son quotidien en l’entraînant dans des histoires louches qui vont le conduire à un drame sur une plage qui va à jamais changer sa vie.

Adapté du célèbre roman d’Albert Camus, le film de François Ozon est une réussite sur le plan formel. Le choix du noir et blanc pour des raisons esthétiques est des plus judicieux car il met en lumière le personnage ombrageux de Meursault, dont la vie va basculer à cause du soleil. Remarquablement interprété par Benjamin Voisin tout en retenue pour donner corps à cet antihéros à la fois mystérieux, fascinant et agaçant, le film, selon les propos de son réalisateur, « ne donne pas de réponse, mais provoque des sensations. Il propose une expérience sensorielle. » On ne saurait dire mieux. Mais pour apprécier à sa juste valeur cette expérience, il faut se laisser emporter par le rythme lent, particulièrement au début, qui fait écho au mode de vie de Meursault et au regard qu’il porte sur le monde.

La femme la plus riche du monde.jpg3 étoiles. « La femme la plus riche du monde ». Marianne Farrère est à la tête d'une immense fortune et elle s’ennuie. Jusqu’au jour où le destin met sur sa route le photographe Pierre-Alain Fantin, artiste fantasque en couple avec un homme et qui n’a pas la langue dans sa bouche. Son insolence, son ambition et même sa folie vont séduire Marianne. Elle va dès lors dépenser sans compter pour satisfaire celui qui n’hésite pas à révéler des secrets de famille, au grand damne de sa fille qui n’entend pas laisser sa mère dilapider son héritage.

En s’inspirant de l’Affaire Bettencourt, Thierry Klifa, le réalisateur, avait comme objectif premier de raconter le destin de ces grandes familles industrielles françaises dont une partie du pouvoir s’est construite sur des zones d’ombre. Ce parti pris rend le film caustique et grinçant grâce à des dialogues qui font mouche et des interprètes qui naviguent plutôt bien entre comédie et tragédie, quand bien même la caricature n’est jamais très loin. A ce titre, le personnage joué, fort bien au demeurant, par Laurent Lafitte finit par lasser, à l’image d’un film qui aurait gagné en efficacité avec un quart d’heure de moins.

La Petite Dernière.jpg3 étoiles. « La petite dernière ». Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue dans une famille avec ses deux sœurs, sa mère et son père. L’atmosphère familiale est joyeuse et aimante. Fatima est également croyante. Alors qu’elle intègre une fac de philosophie à Paris, elle tombe amoureuse d’une femme avec comme conséquence une remise en question profonde de son identité, notamment en lien avec sa foi.

Le film adapté du roman de Fatima Daas prend son temps pour suivre l’évolution de son personnage principal. Parfois un peu trop. Mais quand l’ennui guette, une scène forte se produit, à l’image de la quête de Fatima qui passe par des hauts et des bas, mais sans aucune violence physique à son encontre, c’est à souligner. Portée par une actrice formidable, Nadia Melliti, dont c’est le premier rôle et prix d’interprétation à Cannes, « La Petite Dernière » séduit par sa pudeur, sa sensibilité et sa délicatesse, trois qualités merveilleusement illustrées par l’avant-dernière scène du film entre Fatima et sa mère.

Un simple accident.jpg3 étoiles. « Un simple accident ». Iran, de nos jours. Vahid, un ouvrier qui porte assistance à une famille dont la voiture est en panne suite à un simple accident, croit reconnaître celui qui l’a autrefois torturé en prison grâce au son de la jambe mécanique du conducteur. Il décide d’en avoir le cœur net en l’enlevant avec comme intention de lui faire payer ce qu’il lui a fait subir. Mais face à ce père de famille qui nie farouchement avoir été son bourreau, le doute s’installe.

Palme d’Or du Festival de Cannes 2025, « Un simple accident », tourné de manière clandestine, est une critique du régime iranien. Il est inspiré de la deuxième expérience carcérale du réalisateur entre juillet 2022 et février 2023 au cours de laquelle il a partagé le quotidien d’opposants politiques, d’ouvriers arrêtés pour avoir réclamé leur salaire ou encore de femmes refusant de porter le voile. Oscillant entre tragédie et comédie noire, le film, malgré son sujet qui ne peut que retenir l’attention par ce qu’il dénonce et sa mise en scène qui fait d’une camionnette une sorte de tribunal ambulant, ne convainc pas totalement en raison de ce parti pris par moment peu crédible.

5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

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