4 étoiles. « L’Eté dernier ». Anne, une avocate renommée, est mariée à Pierre. Ils ont deux petites filles adoptées. L’harmonie familiale est perturbée quand Théo, 17 ans, fils de Pierre d’un précédent mariage, emménage chez eux après avoir rencontré des problèmes avec la police. Après des débuts relationnels tendus entre Théo et sa belle-mère, un rapprochement va s’opérer entre eux et les mener dans un engrenage dont ils auront toutes les peines du monde à sortir.
Anne, remarquablement jouée par Léa Drucker, a beau être une avocate brillante, que l’on voit qui plus est défendre dans plusieurs scènes des mineures, une mère et une épouse attentionnée, elle ne peut résister à cette passion qui l’anime pour son beau-fils. « L’été dernier » est avant tout un film sur le désir dévorant qui conduit une adulte apparemment tout ce qu’il y a de plus responsable à franchir les limites, puis à essayer tant bien que mal de les réintégrer. L’irrationnel est au cœur d’un long-métrage qui ne cherche ni à choquer ni à juger, à l’image d’une dernière scène subtile, comme d’ailleurs l’ensemble du film.
4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.
Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.
2 étoiles. « Toni en famille ». Toni élève seule ses cinq enfants, un job à plein temps. Elle chante également le soir dans des bars pour nourrir sa famille. Elle a connu le succès avec une chanson qui a cartonné plus de vingt ans auparavant. Mais aujourd’hui, la quarantaine dépassée et alors que ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université, Toni s’interroge sur son avenir : est-il encore temps pour elle de donner un nouvel élan à sa vie de femme ?
Porté par Camille Cottin, qui est dans quasiment tous les plans et qui joue sa partition avec sensibilité, « Toni en famille » brosse le portrait plutôt touchant d’une famille monoparentale. Les personnages sont attachants, même si les cinq enfants ont des profils un brin caricaturaux, et les jeunes actrices et acteurs convaincants. Mais au final, c’est une impression d’inachevé qui l’emporte en raison d’un scénario qui aborde certains thèmes sans les creuser (le père des enfants, la relation entre Toni et sa mère, son passé de « star », sa vie de femme). En résumé, « Toni en famille » est le genre de film que l’on voit avec un certain plaisir, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.
2 étoiles. « Le Livre des Solutions ». Le dernier long-métrage de Marc ne plaît pas du tout à la production qui veut en modifier le montage. Pour éviter que cela n’arrive, il s’enfuit chez sa tante Denise dans un village des Cévennes avec son film sous le bras et toute son équipe pour retravailler lui-même son œuvre. Sur place, sa créativité débordante le plonge, ainsi que son entourage, dans un véritable chaos. Pour tenter de se canaliser, Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions.
Inspiré par la propre vie du réalisateur Michel Gondry, diagnostiqué bipolaire, « Le Livre des Solutions » part dans tous les sens avec ses côtés positifs et négatifs. C’est à la fois drôle (le dessin animé au milieu du film, par exemple), génial (la scène où Marc joue le chef d’orchestre) et émouvant (les scènes avec sa tante), mais également agaçant (le personnage de Marc n’est pas sympathique) et lassant (le film finit par tourner en rond). Mais le tout se laisse voir avec un certain plaisir grâce à des seconds rôles irréprochables et à la performance de Pierre Niney qui est, une fois de plus, époustouflant.
Toujours à l’affiche
4 étoiles. « Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ». 1969. L’estimé professeur d’archéologie Jones est sur le point de prendre sa retraite. Mais c’est sans compter avec sa filleule Helena qui est à la recherche d’un objet rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le cadran d’Archimède qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. Dès qu’elle l’a en sa possession, Helena va chercher à le vendre au plus offrant. Mais le redoutable Jürgen Voller, qui convoite l’objet pour des raisons que l’on devine peu altruistes, ne l’entend pas de cette oreille. Indy n’a donc pas d’autre choix que de se remettre en selle pour éviter que le cadran d’Archimède ne tombe dans de mauvaises mains.
Ce cinquième, et sans doute dernier, volet des aventures d’Indiana Jones, auquel on pourra juste reprocher quelques longueurs, n’est pas celui de trop, bien au contraire. « Indiana Jones et le Cadran de la Destinée » est en effet bourré d’actions et n’a rien à envier à un James Bond auquel il fait irrémédiablement penser, les gadgets en moins. L’humour est bien présent et il y a même de l’émotion dans la dernière partie. Le scénario tient parfaitement la route du début à la fin en exploitant au mieux le pouvoir de l’objet qui est au centre de l’intrigue. Quant au prologue qui se déroule en 1944, et qui par la magie de la technique rajeunit Indy de 25 ans, il est carrément époustouflant. Et puis, la distribution est excellente et parmi elle un Harrison Ford qui, malgré l’âge, crève une fois de plus l’écran par son charisme. Du cinéma de qualité.
3 étoiles. « Mission : Impossible Dead Reckoning ». Pour cette nouvelle mission, Ethan Hunt et son équipe doivent récupérer une clé qui donne accès à une arme capable de contrôler le futur. Si elle devait tomber dans de mauvaises mains, l’humanité entière serait menacée.
Ce septième opus de Mission : Impossible avec Tom Cruise reprend bien évidemment les ingrédients à succès des six précédents. Les cascades, les poursuites ou les scènes d’action sont toujours aussi bien mises en scène et la dernière partie qui se déroule dans un train est carrément spectaculaire. Mais le fait d’avoir déjà vu à plusieurs reprises certaines de ces scènes dans d’autres films, comme la poursuite à Rome et les combats sur le dessus de wagons qui sont également dans le dernier Indiana Jones, amoindrit l’effet surprise.
Quant à l’histoire, si elle est par moment un peu confuse, elle fait la part belle à ses personnages qui ne manquent pas d’humour et que l’on suit avec plaisir et intérêt qu’ils soient du côté des méchants ou des gentils. Ce septième épisode de 2h40, mais on ne voit pas le temps passé, répond aux attentes des fans de la franchise qui ne manqueront pas d’aller voir le huitième pour savoir ce que la fameuse clé ouvre…
3 étoiles. « Le Bleu du Caftan ». Halim et Mina sont mariés depuis de longues années. Ils tiennent un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé au Maroc. Le couple vit depuis le début de leur relation avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à traire et qu’il n’exprime que rarement dans la vapeur du hammam. La maladie de Mina et l’arrivée d’un apprenti aussi jeune que séduisant vont bouleverser cet équilibre acquis avec le temps.
Dans sa première partie, le film souffre d’une lenteur excessive avec des scènes qui se répètent trop souvent. Malgré la beauté des tissus et de la manière de les coudre, l’ennui guette. Mais dans la seconde partie, quand la maladie de Mina s’aggrave, « Le Bleu du Caftan » prend une autre dimension. Les regards qui en disent long, l’économie du jeu des trois acteurs, leur sincérité, leur complicité éclatent à l’écran. Le « tiers » qui était vécu comme menaçant auparavant, devient alors un allié. Il va permettre aux trois protagonistes de trouver leur place dans une société marocaine patriarcale que la réalisatrice dénonce subtilement, à l’image de la magnifique et sensuelle scène de danse dans l’appartement ou de celles, dont la dernière courte mais tellement explicite, qui se déroulent dans le café.
2 étoiles. « Barbie ». A Barbie Land, tout est parfait. A condition de ne pas se poser de question et de ne pas être Ken. Un jour, Barbie a subitement une pensée sur la mort. Elle est suivie d’une transformation physique. Pour tenter de comprendre ce qui lui arrive, la Barbie bizarre lui conseille d’aller dans le monde réel. Accompagnée de Ken, qui n’en croira pas ses yeux quand il découvrira que les rapports entre les genres ne sont pas du tout les mêmes qu’à Barbie Land, elle va faire ce voyage qui va lui réserver bien des surprises.
Reconnaissons tout d’abord au film ses indéniables qualités visuelles qui rendent justice au monde de Barbie jusque dans les moindres détails. Le soin apporté aux décors, aux costumes ou encore à la musique n’est pas en reste. Et, bien évidemment, les actrices et acteurs ont la silhouette de l’emploi. Le film n’est pas dénoué d’humour avec des situations cocasses, spécialement lors de la confrontation entre l’univers féministe de Barbie et celui très masculin du monde réel que Ken envie rapidement. Le patriarcat en prend pour son grade. C’est sans nuances, mais plutôt drôle. Malheureusement, la seconde partie, qui coïncide avec le retour de Barbie dans son univers, n’est pas à la hauteur de la première : elle est plus sérieuse, moins dynamique et se répète. Quant à la fin, elle tire en longueur donnant l’impression que les scénaristes ne savaient pas comment conclure.
2 étoiles. « Oppenheimer ». En 1942, persuadés que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les USA décident, secrètement, de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Robert Oppenheimer, brillant physicien, est responsable de ce projet. Avec son équipe de scientifiques, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, il va réussir à fabriquer cette arme qui sera utilisée à Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945.
A lire ce synopsis, on pourrait penser que « Oppenheimer » est un film qui raconte le processus qui a amené à la fabrication de la bombe atomique. S’il en est bien évidemment question, le long-métrage, qui porte bien son nom avec ses 3 heures, est également très politique puisqu’on a reproché ensuite à celui qui était devenu un héros national d’être proche du parti communiste dans une Amérique qui avait développé un fort sentiment anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ces deux approches scientifique et politique, une en couleur et l’autre en noir et blanc, se mêlent les unes aux autres dans une première partie confuse avec ses nombreux flashbacks et ses personnages qui donnent le tournis tant il y en a. Et ils parlent beaucoup, beaucoup trop. Il faut donc s’accrocher pour ne pas être largué malgré l’excellent jeu des acteurs et une musique (trop) omniprésente qui empêche tout juste de s’endormir. Heureusement, la seconde partie est plus digeste grâce à des scènes spectaculaires et au conflit intérieur fort bien mis en scène du personnage principal. Il n’en demeure pas moins que la fin, très politique, est interminable. Qui trop embrasse, mal étreint.
2 étoiles. « Magnificat ». Suite au décès d’un prêtre, le médecin fait une découverte pour le moins déconcertante : le religieux est une femme ! Charlotte, chancelière du diocèse, décide alors de mener l’enquête, contre l’avis de son évêque qui veut étouffer l’affaire, pour savoir comment une telle imposture a été possible. Ses investigations seront également l’occasion de faire remonter à la surface un lourd secret qu’elle cache depuis de nombreuses années.
Adapté du roman « Des femmes en noir » d’Anne-Isabelle Lacassagne, le but du film, selon sa réalisatrice Virginie Sauveur, n’est pas d’attaquer l’Eglise, mais d’être, si possible, un levier pour ouvrir le débat sur l’ordination des femmes prêtres. Pour que tel soit le cas, il aurait fallu que le film aborde ce sujet complexe d’une manière beaucoup plus fouillée et frontale. Il n’en est rien. « Magnificat » marche sur des œufs, et jamais bien loin de l’ennui, du début à la fin, en nous gratifiant au passage d’une sous-intrigue impliquant le fils de Charlotte dont on se serait passé. Quant à la révélation finale, elle est à l’image du film : peu convaincante.
5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter