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  • « Baby », « A Bicyclette », «  A Real Pain », « On ira » « La Cache », « The Insider » et 7 autres films à l’affiche

    Baby.jpg4 étoiles. « Baby ». A sa sortie d’un centre de détention pour mineurs, Wellington, 18 ans, se retrouve seul et démuni dans les rues de São Paulo. Ses parents, qui l’ont abandonné à son sort, ont déménagé sans laisser d’adresse et il n’a aucune ressource pour commencer une nouvelle vie. C’est alors qu’il fait la rencontre de Ronaldo, 42 ans, qui va le prendre sous son aile et lui apprendre différentes manières de survivre dans la mégapole brésilienne. Mais au fur et à mesure que Welligton prend confiance en lui, la relation entre les deux hommes se transforme en passion conflictuelle.

    Récit d’apprentissage dans le milieu de la jeunesse LGBTIQ+ défavorisée de São Paolo, « Baby » est un film qui émeut grâce à son approche qui met en valeur l’amitié et l’amour sous toutes ses formes comme remède à l’abandon, sa mise en scène soignée, son approche politique, social et sensuel, à ne surtout pas confondre avec sexuel. La remarquable interprétation de João Pedro Mariano et Ricardo Teodoro donne une dimension résolument humaine à l’histoire de ces deux hommes qui vont faire un bout de chemin ensemble et s’entraider dans un milieu certes hostile, mais non dénué d’espoir.

    A bicyclette.jpg4 étoiles. « A Bicyclette ». De l’Atlantique à la mer Noire, Mathias entraîne son ami Philippe dans un voyage à vélo afin de refaire le trajet que Youri, le fils de Mathias, avait entrepris cinq ans auparavant avant de disparaître tragiquement.

    Basé sur des faits réels, « A bicyclette » laisse une grande place à l’improvisation. Mathias Mlekuz, également réalisateur, et son ami Philippe Rebbot, acteur bien connu, échangent, notamment, sur l’amitié, la culpabilité, le sens de la vie, la mort et bien évidemment l’amour pour ce fils disparu trop tôt.

    Malgré son thème, le film est une ode à la vie et à la résilience. Les scènes, qui se succèdent au gré de l’avancement du voyage dans des décors naturels, sont à la fois tendres, mélancoliques, émouvantes et drôles. Et même parfois très drôles quand Mathias et Philippe font les clowns dans des classes qui les accueillent pour l’occasion ou encore lorsque la propriétaire d’un appartement à louer explique les règles à respecter en s’aidant de Google traduction. La réussite du film tient pour beaucoup à ses deux acteurs principaux dont la complicité éclate à l’écran, mais également au montage qui a su faire le tri dans 180 heures de rushes (!) pour donner une colonne vertébrale à une histoire qui aurait pu autrement très vite sortir de route.

    A real pain.jpg4 étoiles. « A Real Pain ». David, marié, père d’un enfant et du genre plutôt réservé, et Benji, célibataire et du genre plutôt exubérant, sont cousins. Leurs parcours de vie respectifs les ont petit à petit éloignés l’un de l’autre. Jusqu’au jour où ils se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien aimée rescapée de la Shoah. Ce pèlerinage, qui se fait avec d’autres personnes et sous la responsabilité d’un guide, va confronter les cousins à leur passé familial et raviver entre eux de vieilles tensions qu’ils ont tentées d’enfouir jusqu’ici.

    Que l’on ne s’y trompe pas, malgré son sujet et son titre éminemment sérieux, « A real pain » n’est absolument pas plombant. Sans cesse sur le fil entre drôleries, émotions et réflexions sur le poids de l’Histoire, le film de Jesse Eisenberg, devant et derrière la caméra, convainc pratiquement du début (le démarrage est un peu poussif) à la fin grâce à sa sincérité, ses rebondissements et son duo d’acteurs aussi antagoniste qu’attachant. La performance de Kieran Culkin est, à ce titre, à souligner (il a reçu l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle). « A real pain » est une tragicomédie qui touche en plein cœur et qui vaut par conséquent le détour.

    On ira.jpg4 étoiles. « On ira ». Marie, 80 ans, en a assez de lutter contre la maladie. Elle veut mourir. Pour parvenir à ses fins, elle a entrepris toutes les démarches nécessaires pour se rendre en Suisse où le suicide assisté est autorisé. Mais un concours de circonstances va l’amener à mentir à son fils et sa petite-fille sur la véritable raison qui la motive à leur proposer de venir en Suisse avec elle. Accompagnée de Rudy, un auxiliaire de vie entraîné bien malgré lui dans cette épopée, la petite famille prend la route dans le vieux camping-car familial pour un voyage qui va s’avérer plein de surprises.

    « On ira » aborde le thème délicat du suicide assisté. La réalisatrice, Enya Baroux, dont c’est le premier long-métrage, n’a pas voulu faire un film militant sur la question, mais ouvrir la discussion en s’attachant plus aux personnages et aux relations qu’ils entretiennent entre eux qu’aux péripéties. C’est ainsi que « On ira » met en scène une famille bancal et leur accompagnant, qui ne l’est pas moins, dans un road movie plein de vitalité, drôle malgré le but final de ce voyage, et qui fait également la part belle aux situations tendres et émouvantes. Porté par l’excellent duo formé d’Hélène Vincent et de Pierre Lottin, des dialogues percutants ou encore des scènes inattendues, « On ira » réussit le pari de parler de la mort en célébrant la vie.

    La Cache.jpg3 étoiles. « La Cache ». Christophe, 9 ans, vit les rebondissements de mai 68 planqué chez ses grands-parents pendant que ses parents manifestent. Dans l’appartement familial parisien, il est également entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère. Les jours passent en ce mois de mai exceptionnel et révèlent au fur à mesure d’événements plus ou moins étranges, les secrets de cet appartement et de la cache qu’il contient.

    Adapté du roman autobiographique à succès de Christophe Boltanski, lauréat du prix Femina 2015, « La Cache » ne plaira sans doute pas à tout le monde en raison de son côté déconcertant. En effet, le mélange entre humour décalé et drame familial peut s’avérer parfois déroutant avec comme conséquence que, par moment, l’intérêt pour le récit faiblit. Mais il n’en demeure pas moins que cette fantaisie ne manque pas de charme, de tendresse, d’intelligence et d’originalité. Le film peut également se reposer sur une excellente distribution qui se fond parfaitement dans le décor très réussi de cet appartement chargé d’Histoire. Et puis, c’est la dernière apparition de Michel Blanc, très convaincant dans le rôle du grand-père, avec une ultime scène qui ne manquera pas d’émouvoir les cinéphiles. A découvrir.

    Black Bag (The Insider).jpg2 étoiles. « The Insider » ou « Black Bag ». George est agent secret. Sa hiérarchie lui confie la mission de mener l’enquête au sein de l’agence sur cinq personnes travaillant pour elle qui seraient potentiellement des traitres. Et dans la liste des cinq suspects, il y a sa femme. George se trouve par conséquent face à un dilemme déchirant : protéger son mariage ou défendre son pays.

    « Black Bag », référence aux opérations clandestines menées par des espions pour voler des secrets ou des document sensibles, ou « The Insider » est un film d’espionnage qui frôle sans cesse l’ennui en raison d’un rythme en dents de scie, de bavardages excessifs et d’une intrigue au final guère passionnante. Alors, certes, quelques scènes sont dignes d’intérêt, notamment celle du repas qui dure douze minutes où il s’agit de maintenir l’intérêt visuel et narratif sans mouvement des acteurs, la distribution est à la hauteur et l’emballage clinquant peut séduire. Mais c’est insuffisant pour faire du dernier film en date de Steven Soderbergh, réalisateur, notamment, de « Ocean’s eleven, 12, 13 », « Erin Brockovich », « Magic Mike », « Ma vie avec Liberace », « Effets secondaires », un opus mémorable.

    Toujours à l’affiche

    En fanfare.jpg5 étoiles. « En fanfare ». Thibault est un chef d’orchestre de renommée mondiale qui voyage à travers le monde jusqu’au jour où la maladie le rattrape. Une greffe de moëlle d’un membre de sa famille pourrait le sauver. C’est dans ces circonstances que Thibault apprend qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy, qui est employé dans une cantine scolaire. En apparence, tout les sépare, sauf l’amour de la musique puisque Jimmy joue du trombone dans une fanfare. Cette passion commune sera-t-elle toutefois suffisante pour rapprocher deux frères qui ont un connu un destin si différent depuis l’enfance ?

    Réalisateur du déjà excellent « Un triomphe » en 2021, qui n’a pas connu le succès qu’il méritait en raison de la désertion des salles suite au Covid, Emmanuel Courcol récidive avec « En fanfare ». Son dernier long-métrage mélange à nouveau avec bonheur la comédie (on rit souvent de bon cœur), les émotions (les yeux sont parfois embués) et un choc des cultures que ce soit sur le plan sociétal ou musical. Porté par un formidable duo d’acteurs (Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin) qui donne toute sa crédibilité à cette histoire de fraternité contrariée et par un récit rythmé qui va à l’essentiel en évitant de trop tirer sur la corde sensible.

    L'Histoire de Souleymane.jpg5 étoiles. « L’Histoire de Souleymane ». Souleymane pédale clandestinement, et en étant exploité, dans les rues de Paris pour livrer des repas. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demandeur d’asile. S’il est reconnu comme tel, alors il pourra obtenir les papiers qui lui permettront de séjourner en France et d’y travailler légalement. Pour mettre toutes les chances de son côté, il prépare cette entrevue en tentant d’apprendre par cœur, et avec difficulté, une histoire qui n’est pas la sienne.

    Porté par un acteur non-professionnel (comme presque toute la distribution) dont la performance exceptionnelle lui a valu un prix d’interprétation à Cannes, le film suit, caméra à l’épaule et dans un rythme haletant qui épouse les folles courses à vélo des livreurs, le destin de Souleymane qui va se jouer dans 48 heures. Ces deux jours et deux nuits qui précèdent cette échéance sont un condensé de ce que vit Souleymane au quotidien dans un Paris où la misère des uns exploite celle des autres. C’est saisissant, au plus près de la réalité, sans sensiblerie et profondément humain. La dernière scène est terriblement bouleversante. Il y a des films qui vous laissent KO à la fin de leur projection et « L’Histoire de Souleymane » appartient à cette catégorie.

    Jouer avec le feu.jpg4 étoiles. « Jouer avec le feu ». Pierre élève seul ses deux fils âgés de 20 et 22 ans. Alors que Louis, le cadet, est un étudiant qui avance aisément dans la vie, Fus, l’aîné, se cherche. Il part petit à petit à la dérive en se rapprochant de groupes d’extrême droite. Pierre, conscient que Fus file un très mauvais coton, n’arrive toutefois pas, malgré ses tentatives, à dissuader son fils de fréquenter ces hommes qui mettent la violence au cœur de leurs actions. Peu à peu, l’amour paternel cède la place à l’incompréhension.

    Les deux réalisatrices, Delphine et Muriel Coulin, se sont inspirées du roman de Laurent Petitmangin « Ce qu’il faut de nuit » pour leur film, car le livre pose une question sur laquelle elles avaient envie de travailler : « l’amour est-il forcément inconditionnel ? Si tu commettais le pire, pourrais-je continuer à t’aimer ? » « Jouer avec le feu », dont le titre est on ne peut plus parlant, est un film coup de poing, au sens parfois propre et figuré, avec une dernière partie où l’émotion est à son comble. Portés par trois acteurs formidables, Vincent Lindon, Benjamin Voisin et Stefan Crepon, et malgré quelques petites longueurs, « Jouer avec le feu » prend aux tripes grâce à son scénario où l’amour et la tendresse côtoient la haine et la violence sans que l’on sache d’avance qui va l’emporter.

    L'attachement.jpg4 étoiles. « L’attachement ». Sandra est célibataire et revendique son indépendance. Elle va toutefois se retrouver, suite à un concours de circonstances dramatiques, plongée dans l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle va s’attacher petit à petit à cette famille d’adoption et aux autres personnes qui gravitent autour.

    Carine Tardieu, réalisatrice de l’excellent « Les jeunes amants » avec Fanny Ardant et Melvil Poupaud, met magnifiquement en scène tous ses personnages qui cherchent leur juste place au sein de cette famille pour le moins atypique. Elle peut s’appuyer sur une excellente distribution qui joue sa partition douceur et retenue, ce qui est à souligner de la part de Valeria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï ou encore Raphaël Quenard d’habitude bien plus expansifs. « L’attachement » appartient à cette catégorie de films qui touchent droit au cœur grâce à la palette des sentiments qui s’en dégagent : c’est à la fois drôle, bouleversant et surtout d’une infinie tendresse. En un mot : attachant !

    Conclave.jpg3 étoiles. « Conclave ». Suite au décès inattendu du pape, ses appartements sont scellés comme pour une scène de crime, les cardinaux du monde entier sont convoqués au Vatican pour désigner le nouveau souverain pontife. C’est le cardinal Lawrence qui est en charge d’assurer le bon déroulement de cette élection. Mais sa tache va s’avérer plus complexe qu’attendue en raison de manœuvres pas très…catholiques entre les principaux prétendants et de l’apparition surprise d’un cardinal nommé par feu le pape qui pourrait bien rebrasser toutes les cartes.

    Adapté du roman éponyme de Robert Harris, l’action se déroule en huis clos dans les décors magnifiques du Vatican, entièrement reconstitués en studio. Ce superbe écrin, auquel on ajoutera les costumes, est à la hauteur de ce qui se joue au cours de cette élection où tous les coups sont permis entre les tenants d’une ligne libérale de l’Eglise et les conservateurs. Et sans oublier les ambitions personnelles dévorantes de certains. Porté par d’excellents acteurs, ce « Conclave » prend les allures d’un thriller par moment haletant même si la répétition des rebondissements, parfois bien peu crédibles, finit par lasser.

    Queer.jpg2 étoiles. « Queer ». Dans le Mexico des années 50, Lee, un américain, mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés où l’alcool, la drogue et le sexe occupent une place importante. Mais l’arrivée du jeune Allerton va redonner du sens à la vie de Lee et l’amener à explorer des contrées géographiques et sensorielles inconnues jusque-là.

    Adapté d’un roman de William S. Burroughs, le film de Luca Guadagnino (« Call me by your name ») est une réussite du point de vue de son esthétisme et de l’ambiance qui s’en dégage entre humour, mélancolie, onirisme, désespoir, désir ou encore addiction. On peut également relever la performance de Daniel Craig qui casse son image de James Bond avec ce personnage torturé à la recherche de lui-même. Mais si cette quête existentielle est plutôt convaincante sur la forme, elle l’est moins sur le fond. « Queer » se perd en effet régulièrement dans ses méandres hallucinogènes au détriment de son intrigue, qui n’est déjà pas très épaisse, et s’étire en longueur. Le film manque également d’émotion, même si elle n’est pas totalement absente. C’est notamment le cas lors de la scène dans la forêt où les deux hommes vivent un trip que les effets spéciaux rendent fascinant. En résumé, un film dont le potentiel aurait pu être mieux exploité.

    Emilia Perez.jpg2 étoiles. « Emilia Perez ». Rita est une avocate douée. Elle travaille au service d’un cabinet qui non seulement ne reconnaît pas ses qualités, mais qui en plus défend des criminels plutôt que de servir la justice. Mais un jour, le chef d’un dangereux cartel fait appel à elle afin qu’elle l’aide à se retirer des affaires et à disparaître afin qu’il puisse réaliser le rêve qu’il caresse depuis des années : devenir une femme.

    Prix du jury au Festival de Cannes 2024, Prix d’interprétation féminine remis aux quatre comédiennes principales du film et encensé par une large partie de la critique, « Emilia Perez » est un film déroutant aussi bien du point de vue de sa forme que de son fond. En effet, l’histoire est régulièrement entrecoupée de scènes de comédie musicale clinquantes et plus ou moins réussies (si les chorégraphies sont globalement splendides, certaines voix laissent à désirer) qui accentuent le côté bien peu réaliste du scénario. On a vraiment peine à croire que ce très méchant chef de cartel devienne tout à coup suite à sa transition un ange, ou presque. Pour apprécier le film, au demeurant d’une grande maîtrise technique et fort bien joué, mieux vaut donc croire aux contes de fées qui ne finissent toutefois pas forcément bien.   

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter