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  • « Le Théorème de Marguerite », « La Tresse », « L’Arche de Noé » et 7 autres films à l’affiche

    Le Théorème de Marguerite.jpg3 étoiles. « Le Théorème de Marguerite ». Marguerite est une brillante mathématicienne qui termine sa thèse, mais peu à l’aise socialement. Alors qu’elle présente le résultat de ses travaux devant un parterre de chercheurs, l’un d’entre eux découvre une erreur dans son raisonnement. Tout l’édifice s’effondre et Marguerite avec. Elle décide de tourner le dos aux mathématiques et de tout recommencer. Mais il n’est pas si facile de tourner le dos à sa passion, et ce d’autant plus quand elle ouvre une porte sur une autre.

    Mettre les maths en image, voilà un défi de taille ! La réalisatrice Anne Novion le relève grâce à sa rigueur (les équations que l’on voit dans le film sont authentiques) et à ses interprètes qui sont totalement investis dans leur rôle : ils parviennent à transmettre leur passion à travers l’écran. On les suit avec plaisir dans leurs recherches, même si on n’y comprend rien ! Il faut dire que les personnages sont attachants. Si on peut reprocher au film un scénario trop prévisible avec, notamment, une histoire d’amour que l’on voit arriver à des kilomètres, il n’en demeure pas moins que « le Théorème de Marguerite » est plaisant à voir.

    La tresse.jpg2 étoiles. « La Tresse ».  Le film raconte l’histoire de trois femmes qui mènent chacune un combat sur un continent différent. Smita, intouchable en Inde, rêve de voir sa fille échapper au sort qui l’attend. Giulia, en Italie, doit faire face à l’accident de son père et à la ruine de l’entreprise familiale. Quant à Sarah, avocate réputée à Montréal, elle apprend, au moment où elle va être promue au sein de son cabinet, qu’elle est malade. Sans le savoir, Smita, Giulia et Sarah sont indirectement liées par quelque chose de très intime.

    « La Tresse », réalisé par Laetitia Colombani, est adapté de son propre roman à succès paru en 2017. Compte tenu des lieux où les trois histoires se déroulent, tout spécialement en Inde et en Italie, le film avait un grand potentiel cinématographique au niveau des paysages. Et force est de constater que de ce point de vue-là, « La Tresse » ne déçoit pas, comme d’ailleurs les trois actrices principales convaincantes. Toutefois, le traitement en parallèle de ces trois récits a pour conséquence que l’on suit avec un certain détachement, et même parfois ennui, le destin mélodramatique de ces trois femmes. Heureusement, les trente dernières minutes où se noue…la tresse sont plus dynamiques et positivement émouvantes bien que sans véritable surprise.

    L'Arche de Noé.jpg2 étoiles.  « L’Arche de Noé ». Alex, auteur de larcins à répétition, est condamné par la justice à faire des heures d’intérêt général dans une association aux moyens très limités qui accueille des adultes LGBTIQ+ mis à la porte par leurs parents à leur majorité. Avec l’aide de Noëlle, la directrice de l’association souvent débordée et aux méthodes parfois surprenantes, les jeunes ont six mois pour trouver un travail, un logement et s’accepter.

    Inspiré par des histoires vraies, « L’Arche de Noé » est un film choral qui ne comprend pas moins de quatorze personnages, avec des profils fort différents qui n’évitent pas toujours les clichés. On les suit, tant bien que mal, dans ce lieu qui prend l’eau, au sens propre et figuré. Porté par une distribution convaincante, le film est à l’image des jeunes qui fréquentent l’association : il part dans tous les sens avec ses bons et mauvais côtés. En effet, si certaines scènes sont drôles, touchantes, tendres voire carrément poignantes, c’est un sentiment d’inachevé qui prédomine à la fin de la projection, le réalisateur, dont c’est le premier film, laissant ses personnages en plan, et nous avec, sous le déluge final.

    Toujours à l’affiche

    Rien à perdre.jpg4 étoiles. « Rien à perdre ». Sylvie élève seule ses deux enfants, Sofiane, une dizaine d’années, et Jean-Jacques, un adolescent proche de l’âge adulte. Elle travaille le soir dans un bar. Une nuit, Sofiane se brûle en voulant se faire des frites alors qu’il est seul dans l’appartement. Suite à cet accident, les services sociaux sont alertés et décident de placer Sofiane en foyer, le temps de mener l’enquête. Ne comprenant pas cette décision, Sylvie se lance dans un combat judiciaire pour récupérer son fils.

    Avec « Rien à perdre, la réalisatrice Delphine Deloget, dont c’est le premier film, voulait filmer ce qui reste d’une famille quand tout explose et raconter comment cette même famille apprend, dans la douleur, à vivre les uns sans les autres. Et on ajoutera, comment elle n’y arrive pas, à l’image d’une fin, bien que fort peu vraisemblable, qui ne laisse d’autre choix aux protagonistes que de trouver une solution qui n’en est pas vraiment une pour ne pas sombrer totalement. Porté par une Virginie Efira une nouvelle fois formidable, et fort bien entourée par d’excellents seconds rôles, ce drame social prend aux tripes. En évitant une vision manichéenne, il interroge sur le sujet hautement délicat du « faut-il retirer la garde ou non » à des parents apparemment défaillants et les conséquences qui peuvent aller avec. Bouleversant.

    L'enlèvement.jpg4 étoiles. « L’Enlèvement ». Bologne, 1858. Dans le quartier juif, les soldats du Pape viennent prendre Edgardo, sept ans, fils de Momolo et Marianna Mortara. Ils en ont reçu l’ordre parce qu’il aurait été baptisé en secret par sa nourrice quand il était bébé. Et selon la loi pontificale, il doit recevoir une éducation catholique. Choqués par cet enlèvement, les parents d’Edgardo vont se lancer dans un long combat pour le récupérer. Il prend des allures politiques à une période où le pouvoir du Pape est vacillant. Quant à Edgardo, il n’a pas d’autre choix que de se soumettre à cette instruction religieuse qui n’est pas le sienne.

    Pour Marco Bellochio, le réalisateur, « l’enlèvement du petit Edgardo symbolise la volonté désespérée, ultraviolente, d’un pouvoir déclinant qui essaye de résister à son propre effondrement, en contrattaquant. » Adaptation d’une histoire vraie, « L’Enlèvement » est à la fois un drame, une fresque historique, un thriller judiciaire et un pamphlet contre les puissants. Le film est passionnant du début à la fin, malgré quelques petites longueurs, et formellement magnifique grâce à sa photographie, ses décors, ses costumes et sa mise en scène. La distribution n’est pas en reste avec, notamment, un Edgardo enfant joué par Enea Sala, charismatique. Du cinéma de grande qualité.

    Anatomie d'une chute.jpg4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

    Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.

    L'Abbé Pierre.jpg3 étoiles. « L’Abbé Pierre ». Comme son titre l’indique, le film raconte la vie de celui qui fut une icône du vingtième siècle en France, et même au-delà, et dont le souvenir est encore marquant plus de quinze ans après sa mort. Pour incarner un personnage aussi emblématique, il fallait un comédien à la hauteur. Et tel est bien le cas avec Benjamin Lavernhe qui est totalement crédible dans le rôle sur une septantaine d’années grâce à l’évolution de sa posture, de sa voix et au maquillage impressionnant. Mais malgré son acteur principal, le film ne convainc pas totalement.

    En effet, le long-métrage hésite entre image public du prêtre, telle une vedette du show business, et intime, notamment les relations avec son assistante (remarquable Emmanuelle Bercot) ou celles avec les compagnons d’Emmaüs. On peut également regretter des ellipses importantes dans le récit qui donne une impression de « best of » de la vie de l’Abbé Pierre. Le film aurait sans doute gagné en intensité en se focalisant plus particulièrement sur la situation des sans-abris, y compris de nos jours, comme la fin le laisse entrevoir. Ceci dit, le parcours de l’Abbé Pierre est édifiant à bien des égards et mérite d’être (re)découvert

    The Old Oak.jpg3 étoiles. « The Old Oak ». Propriétaire du « Old Oak », un pub situé dans une petite ville autrefois minière du nord de l’Angleterre, TJ Ballantyne sert chaque jour les mêmes clients désœuvrés qui viennent s’y retrouver pour passer le temps. L’arrivée de réfugiés syriens va créer de fortes tensions, ce qui ne va toutefois pas empêcher TJ de tisser des liens d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de réunir autochtones et étrangers autour d’un projet de cantine pour les plus démunis et ainsi redonner vie à la communauté locale.

    Fidèle à ses principes, un cinéma socialement engagé et profondément humain, Ken Loach, 87 ans, met en scène deux communautés en difficulté au sein desquelles émergent des personnages qui vont être capables de créer des ponts entre elles malgré les obstacles. Si l’on peut reprocher à « The Old Oak » un scénario trop prévisible, un manque de nuance entre les « gentils » et les « méchants » et un usage exagéré de la corde sensible, il n’en demeure pas moins que l’espoir et l’optimisme qui s’en dégagent font du bien.

    Bernadette.jpg3 étoiles. « Bernadette ». Quand Bernadette Chirac devient la Première dame de France en 1995, elle pense qu’elle aura enfin la reconnaissance qu’elle mérite après avoir toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président de la République. Mais jugée trop ringarde, elle est au contraire mise sur la touche. Bernadette ne va toutefois pas se laisser faire et trouver petit à petit sa place jusqu’à devenir une figure médiatique incontournable.

    Bien que le film soit inspiré de faits réels et publics, il n’en demeure pas moins que c’est une fiction. La réalisatrice, Léa Domenach, a choisi de raconter le parcours « présidentiel », soit entre 1995 et 2007, de Bernadette Chirac à travers une comédie satirique qui se moque avec bienveillance de ce monde politique français au masculin en mettant en valeur une Première dame irrévérencieuse, maline, décalée, drôle ou encore excellente tacticienne. Portée par une Catherine Deneuve formidable et des seconds rôles qui jouent fort bien le côté caricatural de leur personnage, « Bernadette » se laisse voir avec un plaisir certain.

    Oppenheimer.jpg2 étoiles. « Oppenheimer ». En 1942, persuadés que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les USA décident, secrètement, de mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Robert Oppenheimer, brillant physicien, est responsable de ce projet. Avec son équipe de scientifiques, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, il va réussir à fabriquer cette arme qui sera utilisée à Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945.

    A lire ce synopsis, on pourrait penser que « Oppenheimer » est un film qui raconte le processus qui a amené à la fabrication de la bombe atomique. S’il en est bien évidemment question, le long-métrage, qui porte bien son nom avec ses 3 heures, est également très politique puisqu’on a reproché ensuite à celui qui était devenu un héros national d’être proche du parti communiste dans une Amérique qui avait développé un fort sentiment anticommuniste dans le contexte de la guerre froide. Ces deux approches scientifique et politique, une en couleur et l’autre en noir et blanc, se mêlent les unes aux autres dans une première partie confuse avec ses nombreux flashbacks et ses personnages qui donnent le tournis tant il y en a. Et ils parlent beaucoup, beaucoup trop. Il faut donc s’accrocher pour ne pas être largué malgré l’excellent jeu des acteurs et une musique (trop) omniprésente qui empêche tout juste de s’endormir. Heureusement, la seconde partie est plus digeste grâce à des scènes spectaculaires et au conflit intérieur fort bien mis en scène du personnage principal. Il n’en demeure pas moins que la fin, très politique, est interminable. Qui trop embrasse, mal étreint. 

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter