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« Une vie », « Scandaleusement vôtre », « Bolero » et 4 autres films à l’affiche

Une vie.jpg4 étoiles. « Une vie ». Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un jeune banquier anglais va tout mettre en œuvre, avec l’aide de personnes qui sont sur place et d’autres, dont sa mère, qui sont à Londres, pour sauver des centaines d’enfants, pour la plupart juifs, promis à une mort certaine. N’écoutant que son courage et sa détermination, Nicolas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre où 669 enfants trouveront refuge.

Ce n’est qu’en 1988 que l’action héroïque de Nicolas Winton fut connue du grand public grâce à une émission de télévision. « Une vie » fait des aller et retour entre ces deux époques à l’aide de nombreux flashbacks. Si l’on peut reprocher au premier long-métrage de James Hawes d’être un peu trop classique dans sa forme, par contre on saluera la grande humanité et l’émotion, impossible de retenir ses larmes, qui s’en dégagent. Porté par une formidable distribution, dont Anthony Hopkins toujours aussi excellent, « Une vie » est un film, malgré son sujet difficile, positivement bouleversant car il montre que l’être humain peut aussi être capable du meilleur. Et ça fait du bien.

Scandaleusement vôtre.jpg3 étoiles. « Scandaleusement vôtre ». Littlehampton, Sussex. 1920. Edith Swan reçoit des lettres anonymes au langage pour le moins fleuri. Rose Gooding, sa voisine irlandaise peu conformiste, est rapidement soupçonnée d’être l’autrice des missives. La police s’en mêle, mais ne va pas au-delà des apparences. C’est alors qu’une policière, la première à occuper un tel poste dans le Sussex, décide de mener une enquête parallèle, les preuves accusant Rose Gooding étant de son point de vue peu convaincantes.

Inspirée d’une histoire vraie et portée par des actrices formidables, cette comédie féministe so british à l’ancienne aborde les mœurs anglaises de l’époque en tirant à vue sur le patriarcat, l’intolérance, le racisme ou encore la bigoterie. C’est souvent drôle, les dialogues sont excellents, mais également plus émouvant à partir du moment que la personne coupable est connue. Alors, certes, le film a tendance à tourner un peu en rond dans sa seconde partie, mais cela n’enlève pas l’impression positive qui s’en dégage au moment du générique de fin.

Bolero.jpg2 étoiles. « Bolero ». Paris, 1928. La danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. En panne d’inspiration, bien qu’en étant à l’écoute de tous les bruits qui l’entourent, et tourmenté par les principaux épisodes de sa vie (les échecs de ses débuts, la guerre de 14-18, la relation avec sa mère ou encore l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert), le compositeur repousse sans cesse le moment de livrer la partition, qui donnera finalement naissance au célébrissime Bolero, à la chorégraphe.

Comme son titre l’indique, le film s’attache à la naissance de cette œuvre musicale connue dans le monde entier depuis bientôt un siècle. Mais « Bolero » est bien plus que ça puisqu’il met en parallèle les difficultés de la création avec le parcours de vie tourmenté du musicien. Si le procédé s’avère intéressant dans sa première partie, il finit par lasser et tire inutilement en longueur un film qui aurait mérité, à l’image du Bolero, d’aller crescendo, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

Toujours à l’affiche

La salle de profs.jpg4 étoiles. « La salle des profs ». Carla Nowak est enseignante de mathématiques et de gymnastique dans un collège où elle vient d’arriver. Depuis quelques temps, des vols ont lieu à la salle des profs. Des élèves sont soupçonnés, mais l’enquête interne ne donne rien de concret. Carla décide alors de mener ses propres investigations sans savoir qu’elles vont la conduire dans un engrenage dont elle aura toutes les peines à sortir.

Thriller psychologique par excellence, « La salle des profs » emmène constamment le spectateur là où on ne s’y attend pas grâce à un scénario intelligent qui fait constamment douter de la vérité et questionne au passage le racisme, le civisme, la morale ou encore les relations humaines dans un univers clos. Porté par son excellente actrice principale, Leonie Benesch, « La salle des profs », à qui on pourra juste reprocher une fin un peu décevante, est un film efficace, haletant et questionnant qui a connu un grand succès en Allemagne et était nommé dans la catégorie du meilleur film étranger pour les Oscars 2024.

The zone of interest.jpg4 étoiles. « La Zone d’intérêt ». Le commandant d’Auschwitz, Rudolph Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin alors que de l’autre côté de la route se dresse le plus terrifiant camp de la mort de l’Histoire de l’humanité.

Oscar du meilleur film étranger, « La Zone d’intérêt », expression utilisée par les nazis pour décrire le périmètre de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz, a obtenu le Grand Prix du Festival de Cannes 2023. Tourné sur place, le film raconte l’horreur sans rien, ou presque, montrer. Pour y parvenir, le réalisateur propose au spectateur une expérience sensorielle. Elle s’appuie non seulement sur le contraste entre la villa des Höss, son jardin, sa serre, sa piscine, la rivière à proximité, le bonheur familial et le mirador et les barbelés que l’on voit juste en face, mais également sur les sons qui sont omniprésents (aboiements, cris, pleurs, coups de fusil, phrases humiliantes des nazis) et convoquent irrémédiablement chez le spectateur des images qui sont pourtant hors-champ à l’exception de la fumée et des flammes qui s’échappent des cheminées. Cette mise en scène virtuose montre à quel point l’horreur a pu être banalisée par les nazis. Glaçant.

Anatomie d'une chute.jpg4 étoiles. « Anatomie d’une chute ». Sandra, Samuel et leur fils Daniel, garçon de 11 ans malvoyant suite à un accident, vivent depuis deux ans à la montagne, loin de tout. Alors qu'il revient d'une promenade avec son chien guide, Daniel trouve le corps de son père, immobile dans la neige. Tout semble indiquer qu’il est tombé de la fenêtre du grenier, cette chute ayant entraîné sa mort. Mais l’autopsie laisse la place au doute. Accident ? Suicide ? Homicide ? En l'absence de témoin, la justice se penche sur la vie du couple pour tenter de découvrir ce qui s’est passé ce jour-là.

Palme d’Or du dernier Festival de Cannes, Oscar du meilleur scénario et multirécompensé aux César, « Anatomie d’une chute » a de nombreuses qualités : son scénario, sa mise en scène, sa direction d’acteur et le talent de sa distribution parmi laquelle on notera la performance exceptionnelle de Sandra Hüller. Elle incarne avec un rare brio cette femme qu’il est difficile de cerner renforçant ainsi le doute qui plane sur les circonstances de la mort de son mari. A ses côtés, le jeune Milo Machado Graner fait également des étincelles avec, notamment, une scène d’anthologie au cours du procès. Si l’on peut reprocher au film une longueur excessive (2h30) et une certaine froideur, qui s’explique toutefois par l’approche très réaliste voulue par la réalisatrice qui décortique la défaite d’un couple, il n’en demeure pas moins que « Anatomie d’une chute » est un film brillant.

Pauvres Créatures.jpg1 étoile. « Pauvres Créatures ». Bella est une jeune femme qui a été ramenée à la vie de manière peu conventionnelle par le non moins conventionnel Docteur Baxter. Suite à l’opération subie, Bella doit réapprendre à vivre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s’enfuit avec un avocat fantasque pour un voyage qui l’amènera à se réaliser en tant que femme.

Lion d’or au Festival de Venise 2023 et nommé à 11 reprises pour les prochains Oscars, « Pauvres Créatures » est l’adaptation du roman du même nom d’Alasdair Gray paru en 1992. Selon le scénariste Tony McNamara, le film est une satire brûlante sur les hommes et « traite de l’évolution et de l’émancipation d’une femme qui grandit dans une société masculine très répressive. »

Pour atteindre cet objectif, le réalisateur met l’héroïne dans des situations humiliantes, comme dans les innombrables scènes de prostitution, qui questionnent. A cette interrogation de fond s’ajoute celle de la forme avec une esthétique pour le moins surprenante en raison du mélange du noir et blanc et de la couleur ainsi que d’un recours abusif au grand-angle qui déforme l’image. Cela donne au film une allure de farce qui ne fait guère rire. Pire, on s’ennuie ferme dans une première partie interminable, la seconde étant heureusement un peu plus digeste.

5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

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