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  • On regarde quoi à la TV cette semaine?

    Money Monster.jpgLee Gates est un présentateur de télévision qui anime une émission sur la bourse et donne des conseils pour placer son argent. Il a tendance à n’en faire qu’à sa tête, au plus grand désespoir de sa productrice, et est du genre arrogant. Un jour, il est pris en otage en direct sur le plateau par Kyle, un téléspectateur qui a perdu tout son argent en suivant les conseils de Lee. Commence alors une course contre la montre pour tenter de faire renoncer Kyle de tout faire sauter en appuyant sur le détonateur qui déclenchera la ceinture explosive qu’il a mise sur Lee.

    Pour tenir en haleine le spectateur, le scénario ne manque pas de rebondissements. Certains ne surprennent guère, mais d’autres sont très réussis et même jouissifs. Mais il n’est pas non plus exempt de défauts, car en voulant dénoncer les dérives du capitalisme, les profiteurs du système ou encore le cynisme de la télé réalité en emballant le tout dans un film qui oscille sans cesse entre le thriller, la satire et la comédie, « Money Monster » reste superficiel. Il n’en demeure pas moins que le film de Jodie Foster est un agréable divertissement.

    3 étoiles. « Money Monster ». RTL 9, dimanche 27 octobre, 20h55.

    Jumanji, next level.jpgAprès l’énorme succès en 2017 de « Jumanji : Bienvenue dans la jungle », on retrouve l’équipe au complet qui retourne dans Jumanji pour secourir l’un des leurs. Mais une fois propulsée dans jeu, elle va vite avoir des surprises, ce qui ne l’empêchera toutefois pas, pour pouvoir une nouvelle fois sortir indemne du jeu le plus dangereux du monde, d’affronter de nouvelles épreuves peuplées de personnages et de créatures inquiétants dans des décors peu accueillants.

    Le point fort de cette suite est toujours l’humour qui s’en dégage. On rit souvent de bon cœur non seulement grâce au contraste entre le caractère des personnages et le corps dans lequel ils évoluent dans le jeu, mais aussi grâce aux situations comiques qu’engendre ce décalage. Par contre, comme lors du film précédent, les scènes « émotions » sont toujours aussi risibles et ridicules. Les dialogues font souvent mouche, les effets spéciaux sont également très réussis et l’action est rondement menée par des comédiens toujours aussi convaincants.

    En résumé, un bon divertissement si on se laisse prendre au jeu. Evidemment.

    3 étoiles. « Jumanji : Next level ». TF1, dimanche 27 octobre, 21h10.

    L'innocent.jpgSylvie, la soixantaine, anime des ateliers de théâtre en prison. Elle tombe amoureuse de Michel, qui sera prochainement libéré, et l’épouse au grand désespoir de de son fils Abel. Ce n'est en effet pas la première fois que sa mère fait le coup avec des conséquences négatives pour elle. Epaulé par sa meilleure amie, Abel décide alors de tout faire pour protéger sa mère de Michel qu’il soupçonne de ne pas être aussi honnête qu’il en a l’air. Mais la rencontre avec son beau-père ne va pas exactement se passer comme il l’avait envisagé. Elle va même lui ouvrir des perspectives pour le moins inattendues.

    « L’innocent » allie avec bonheur le film policier et la comédie, voire même la comédie romantique. Pour réussir ce tour de force, le film peut s’appuyer sur un scénario en béton, un rythme qui ne faiblit que rarement, une bande originale avec des standards des années 80 et une distribution à la hauteur. C’est tour à tour hilarant, jouissif (la scène dans le restoroute relève du grand art), émouvant et non dénué de suspense. Et cerise sur gâteau, la fin est à l’image de tout le film : malicieuse.

    4 étoiles. « L’Innocent ». ARTE, lundi 28 octobre, 13h35.

    Novembre.jpg« Novembre » fait référence aux attentats terroristes qui ont eu lieu à Paris en novembre 2015. Le scénario n’est pas centré sur les attentats eux-mêmes, ils sont absents du film. Il s’agit donc d’une incursion au cœur de l’Anti-Terrorisme au cours des cinq jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre.

    Cette traque des terroristes islamistes est menée tambour battant et avec une grande maîtrise par Cédric Jimenez, le réalisateur de « Bac Nord » gros succès en France l’année dernière et étrangement jamais sorti en Suisse. Mais ce souci d’efficacité se fait au détriment des nombreux personnages dont on ne sait rien. Si l’on comprend ce parti pris qui met en évidence ces cinq jours que l’Anti-Terrorisme a vécu en apnée, il a toutefois comme résultat d’éloigner dans un premier temps le spectateur de l’enquête. Mais, heureusement, au milieu du film apparaît le témoin-clé (excellente Lyna Khoudri) de cette traque qui donne un côté moins mécanique à une histoire dénuée de tous sentiments et de véritable suspense jusqu’à son entrée en scène. A partir de là, le film s’emballe avec une dernière partie d’une belle intensité.   

    3 étoiles. « Novembre ». RTS 1, lundi 28 octobre, 20h40.

    Spider-Man, No Way Home.jpgA la fin de l’opus précédent, et pour la première fois de son histoire, Peter Parker, alias Spider-Man, était démasqué. Impossible dès lors pour lui de vivre incognito sa vie de super-héros. Pour tenter de remédier à cette situation délicate, il demande de l’aide à Doctor Strange afin qu’il efface de la mémoire de la planète entière que Peter Parker est Spider-Man. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu et Spider-Man va alors devoir affronter son passé avec quelques surprises à la clé.

    On n’en dira pas plus, car ce serait dévoilé ce qui fait l’intérêt, le seul à vrai dire, de ce nouveau volet de l’homme-araignée qui met, plutôt habilement, les fans dans sa poche en rendant hommage à l’héritage de Spider-Man. Mais pour le reste, rien de bien nouveau : les scènes d’action sont attendues, tout comme les effets spéciaux, la mort d’un des personnages, comme certaines autres scènes d’ailleurs, traine en longueur et les deux ami.e.s de Peter Parker font de la figuration.

    En résumé, c’est sans doute le moins mauvais Spider-Man de la franchise avec Tom Holland, maigre consolation.

    2 étoiles. « Spider-Man : No Way Home ». RTL 9, lundi 28 octobre, 21h25.

    Spider-Man Far from home.jpgLe précédent « Spider-Man » n'était déjà pas terrible. Mais c'est presqu'un chef d'œuvre par rapport à cette suite qui ne décolle pas, ce qui est bien un comble pour celui qui se déplace principalement dans les airs.

    Pour commencer, il ne se passe pratiquement rien pendant la première demi-heure durant laquelle on assiste à la préparation du voyage d'études que Peter Parker et ses camarades vont faire en Europe. Rappelons que depuis l'épisode précédent Spider-Man est un adolescent qui a été choisi par Iron Man pour lui succéder, et ça tombe bien puisque ce dernier est mort dans « Avengers : Endgame ». Peter se réjouit de laisser son costume de super-héros derrière lui et de profiter de ce séjour pour tenter de séduire sa camarade de classe MJ. Mais bien sûr, il n'en sera rien puisqu'il va devoir lutter contre des créatures qui veulent détruire la Terre.

    Si l'on excepte un rebondissement plutôt inattendu au milieu du film, le reste est terriblement prévisible, à tel point que même certains effets spéciaux, pourtant plutôt réussis, n'arrivent pas à relever le niveau. Il y a bien ici et là quelques blagues plutôt marrantes, mais ce sont surtout les dialogues d'une platitude sidérale qui déclenchent des sourires. C'est tout dire. Les relations entre les personnages sont à l'image du reste, inintéressantes. « Spider-Man : Far from Home » est destiné avant tout aux adolescents, soit. Mais ce n'est pas une excuse pour réaliser un film aussi affligeant. A moins bien sût de mépriser ce public.

    1 étoile. « Spider-Man : Far from Home ». RTL 9, lundi 28 octobre, 23h55.

    Peter von Kant.jpgDébut des années 1970. Peter von Kant est un réalisateur de cinéma de quarante ans à succès. Il habite avec son assistant Karl qui lui est totalement dévoué alors qu’il le maltraite. Par l'intermédiaire de Sidonie, actrice célèbre, il rencontre le jeune et bel Amir. Peter en tombe follement amoureux. Il lui propose de partager son appartement et lui promet un bel avenir dans le cinéma. Neuf mois plus tard, Amir est effectivement sur le devant de la scène, mais la relation entre les deux hommes s’est dégradée.

    Ce huis clos est adapté de la pièce de théâtre « Les Larmes amères de Petra von Kant » de Rainer Werner Fassbinder, dont il avait lui-même tiré un film en 1972. Si le côté théâtral peine à séduire au début, il en est tout autrement au moment où le psychodrame se noue. Grâce à des acteurs fort bien dirigés par François Ozon, Denis Ménochet (Peter) phénoménal, Stefan Crepon (Karl) génial, Khalil Gharbia (Amir) envoûtant et Isabelle Adjani (Sidonie) excellente dans l’autodérision, « Peter von Kant » dévoile alors, avec un mélange d’humour et de cruauté, toute sa puissance à la fois manipulatrice et destructrice.      

    3 étoiles. « Peter von Kant ». France 2, jeudi 31 octobre, 23h05.

    120 battements par minute.jpgParis début des années 90, l’épidémie du sida fait des ravages, tout particulièrement dans la communauté homosexuelle, dans une indifférence quasi générale. Les militants d’Act Up multiplient les actions coup de poing pour attirer l’attention des pouvoirs publics et des pharmas sur le drame qui se joue sous leurs yeux et dont ils ne mesurent pas l’ampleur par ignorance, parce qu’ils se voilent la face ou encore par calcul.

    La première partie du film - au cours de laquelle se nouent les amitiés, les romances, s’élaborent les actions, les slogans - est absolument remarquable aussi bien au niveau des contenus que de la mise en scène. Il en est de même pour le déroulement des actions tournées caméra à l’épaule avec les protagonistes filmés en gros plan, comme si on y était. Une vraie claque, du grand cinéma.

    Et puis, il y a au milieu de ce tourbillon militant la relation amoureuse entre Sean, dont la santé décline semaine après semaine, et Nathan, qui a échappé à l’infection. Cette histoire d’amour est portée par Nahuel Perez Biscayart (Sean) et Arnaud Valois (Nathan) qui sont absolument exceptionnels, à l’image de l’ensemble de la distribution d’ailleurs. Leur relation illustre par deux destins individuels le combat qu’Act Up a mené pour l’ensemble de la collectivité.

    La romance entre Sean et Nathan est drôle, sensuel, d’une très grande complicité, pleine d’espoir malgré tout, bouleversante, tragique. Bref, belle, tout simplement. A l’image de la scène qui voit les militants d’Act Up se coucher dans la rue avec des croix et des cercueils sur « Smalltown boy » de Jimmy Sommerville. Difficile de retenir ses larmes. A ne pas manquer.

    5 étoiles. « 120 battements par minute ». CARAC1, samedi 2 novembre, 21h10.

    Atomic Blonde.jpgL’agent Lorraine Broughton est une espionne anglaise qui doit se rendre à Berlin la semaine précédant la chute du mur pour récupérer avant d’autres une liste où figurent les noms de nombreux espions. Il y a bien évidemment parmi eux une taupe qui n’est pas celle ou celui que l’on croit.

    « Atomic Blonde » possède un rythme effréné, ce qui a pour conséquence qu’on ne voit pas le temps passé, et est filmé comme un clip géant des années 80 avec une musique omniprésente (Nick Cave, Iggy Pop, David Bowie, New Order, Depeche Mode…). Des filtres caméra donnent à de nombreuses scènes une ambiance de boîte de nuit, le tout sur un fond d’hémoglobine dominant. « Atomic Blonde » est plutôt séduisant sur les plans visuel et auditif.

    Charlize Theron se glisse sans problème dans le rôle de cette espionne à qui rien ni personne ne résiste, à tel point qu’on en oublierait presque les nombreuses invraisemblances du scénario, à commencer par celle que Lorraine est toujours en vie à la fin du film. Pas sûr que James Bond et Jason Bourne survivraient à ce traitement. Réservé aux amatrices et amateurs du genre.

    2 étoiles. « Atomic Blonde ». RTS 1, samedi 2 novembre, 22h15.

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde », « L’amour ouf » et 8 autres films à l’affiche

    Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde.jpg5 étoiles. « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde ». Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est agressé dans la rue. Une plainte est déposée. L’instruction de cette dernière va petit à petit faire passer Adi de victime à coupable aux yeux de ses parents qui n’acceptent pas son orientation sexuelle et d’une société, encore fortement imprégnée par la religion, qui privilégie la protection d’agresseurs dont le père a une situation influente dans la région.

    La Queer Palm de Cannes est un grand film non seulement d’un point de vue cinématographique (mise en scène subtile, photographie lumineuse en opposition à une histoire sombre, distribution convaincante), mais également par ce qu’il raconte : une homophobie étatique et religieuse qui fait des ravages dans le cercle familial. C’est poignant, parfois irrespirable malgré la beauté du lieu où se déroule l’action et très questionnant sur l’amour parental. Un film coup de poing que l’on n’oublie pas une fois le générique de fin terminé !

    L'amour ouf.jpg2 étoiles. « L’amour ouf ». Jackie et Clotaire vivent dans le nord de la France dans les années 80. Elle est une brillante étudiante qui vit seule avec son père, sa mère étant décédée. Il est issu d’une famille d’ouvriers et a beaucoup de peine à respecter les règles malgré les corrections qu’il reçoit de son paternel. Il passe ses journées à traîner et multiplie avec son frère et son meilleur ami les larcins. Mais quand les destins de Jackie et Clotaire se croisent, c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer, mais l’amour n’est-il pas plus fort que tout ?

    Les deux points forts de « L’amour ouf » sont sa bande originale et ses interprètes. A ce titre, le couple formé de Clotaire (Malik Frikah jeune et François Civil adulte) et Jackie (Mallory Wanecque jeune et Adèle Exarchopoulos adulte) crève l’écran. Sans eux et quelques excellents seconds rôles (Alain Chabat, Vincent Lacoste et Elodie Bouchez, notamment), le film serait proche de la mièvrerie malgré des scènes violentes et d’autres touchantes en raison d’un scénario qui en rajoute sans cesse et tire par conséquent en longueur (2h40 !). Il en est de même avec la façon de filmer de Gilles Lellouche qui en se voulant trop démonstrative finit par lasser. En résumé, pas ouf.

    Toujours à l’affiche

    Les Graines du figuier sauvage.jpg5 étoiles. « Les Graines du figuier sauvage ». Pour Iman, sa promotion en tant que juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran est l’aboutissement de 20 ans de carrière au service du régime. Il va enfin pouvoir améliorer le train de vie de sa femme et de ses deux filles, l’une adolescente, l’autre majeure. Mais à peine nommé, un immense mouvement de protestation secoue le pays. Dépassé par l’ampleur des événements, la justice devient expéditive au grand damne d’Iman qui décide malgré tout de s’y conformer. Chez lui, la révolution gronde également rendant Iman de plus en plus méfiant à l’égard de sa femme et de ses filles.

    Prix spécial du Jura au Festival de Cannes 2024, « Les Graines du figuier sauvage » mérite amplement cette récompense. Le film transpose de manière brillante, avec un seul (petit) bémol sur sa longueur (2h45), les affres du régime iranien au sein d’une famille confrontée à un mari et à un père qui se sentant menacé va reproduire auprès des siens les méthodes utilisées par la dictature auquel il s’est soumis.  Film hautement politique, incrusté de courtes séquences tournées avec des portables au moment des manifestations du mouvement « Femme, vie, liberté » à l’automne 2022, « Les Graines du figuier sauvage » entraîne l’audience dans une spirale infernale avec une dernière heure où la tension est à son comble grâce à une mise en scène formidablement anxiogène et une distribution parfaite.

    Le roman de Jim.jpg5 étoiles. « Le roman de Jim ». Au milieu des années 90, Aymeric au parcours jusque-là plutôt chaotique, rencontre par hasard son ancienne collègue Florence enceinte de six mois. Ils commencent à se fréquenter et quand Jim nait, Aymeric est à ses côtés. Il l’est encore quand sept ans plus tard le père biologique de Jim fait sa réapparition bouleversant l’équilibre familial et questionnant le rôle des uns et des autres dans la vie du petit garçon.

    Adapté du roman éponyme de Pierric Bailly, le film des frères Larrieu est d’une grande beauté, et pas seulement parce que les paysages du Jura dans lequel il se déroule sont magnifiques. « Le roman de Jim » est, en effet, également beau par la délicatesse qui s’en dégage de la première à la dernière minute (superbe scène finale). Chaque personnage touche (qu’aurait-on fait à leur place ?) avec une mention particulière pour le rôle d’Aymeric formidablement endossé par Karim Leklou, désarmant de naturel et d’une tendresse à faire fondre n’importe qui. « Le roman de Jim » est un film bouleversant, mais pas plombant pour autant, qui explore avec une grande justesse une relation père-fils qui va bien au-delà des liens du sang.

    Quand vient l'automne.jpg4 étoiles. « Quand vient l’automne ». Michelle vit une retraire paisible dans une jolie maison de campagne située dans un petit village de Bourgogne. Sa meilleure amie, Marie-Claude, vit non loin d’elle. A la Toussaint, sa fille Valérie, avec laquelle elle entretient des relations tendues, vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour qu’il passe la semaine de vacances avec sa grand-mère qu’il adore. Mais le repas familial va déclencher des événements en cascade après que Valérie ait été empoisonnée par des champignons cueillis par sa mère…

    Comédie dramatique avec une intrigue policière secondaire mais qui en dit long sur les relations entre les personnages, « Quand vient l’automne » est avant tout un film qui, à l’image de son titre, se penche sur le passé qui peut resurgir n’importe quand et avoir des conséquences imprévisibles sur le présent et l’avenir. Magnifiquement photographié et mis en scène, le long-métrage manie avec sensibilité l’humour noir, l’ambiguïté ou encore l’amoralité. Porté par Hélène Vincent et Josiane Balasko qui font preuve d’une grande subtilité dans leur jeu, le film ravira celles et ceux qui aiment les histoires qui sèment le doute dans les esprits, tel un poison. 

    Speak No Evil.jpg4 étoiles. « Speak No Evil ». Les familles Dalton et Field se rencontrent en vacances en Italie. Les premiers ont une fille de 12 ans et les seconds un fils du même âge qui ne peut pas parler en raison d’une langue atrophiée. Bien que les Dalton soient du genre plutôt coincé et les Field tout le contraire, le courant passe entre eux. De retour en Angleterre, les Field proposent aux Dalton de venir passer un week-end dans leur propriété campagnarde. Ces derniers acceptent. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique va petit à petit se transformer en cauchemar.

    Qualifié de film d’horreur, « Speak No Evil » est avant tout d’un long-métrage au suspense haletant avec seulement deux brèves scènes un brin sanguinolente. A condition de mettre de côté les quelques invraisemblances d’un scénario au demeurant bien construit, « Speak No Evil » ravira le public qui aime ces films dans lequel une atmosphère de plus en plus irrespirable s’installe au fur et à mesure que l’action avance. A ce titre, les trente dernières minutes, tout en évitant l’exagération souvent inhérente à ce genre de film, sont d’une folle intensité avec de multiples rebondissements qui vous clouent sur votre siège.

    Le Comte de Monte-Cristo.jpg4 étoiles. « Le Comte de Monte-Cristo ». Marseille. 1815. Victime d’un complot dont la jalousie est le moteur, Edmond Dantès, 22 ans, est arrêté le jour de son mariage. Il est détenu dans d’horribles conditions au château d’If. Pendant son incarcération, il fait la connaissance de l’abbé Faria qui va lui révéler un secret qui lui permettra de devenir immensément riche après son évasion 14 ans plus tard. Sous l’identité du Comte de Monte-Cristo, il va alors patiemment élaborer un plan pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

    Cette nouvelle adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas ne lésine pas sur les moyens puisque le budget se monte à 43 millions d’euros. Et ça se voit : les décors, la plupart naturels, les costumes, le maquillage et la photographie sont un régal pour l’œil. Quant à la distribution, elle est excellente. Pierre Niney, particulièrement convaincant quand il endosse le rôle du Comte de Monte-Cristo, est entouré d’acteurs et d’actrices qui n’ont rien à lui envier. Quant au film en lui-même, on peut lui reprocher un manque d’émotions tant la machine est bien huilée. Mais pas de quoi bouter son plaisir. En effet, le long-métrage, c’est le cas de le dire mais les trois heures passent très vite grâce à de multiples rebondissements, met fort bien en valeur le génie romanesque d’Alexandre Dumas.

    Joker, Folie à Deux.jpg3 étoiles : « Joker : Folie à Deux ». Arrêté et interné dans une prison pour délinquants avec des problèmes psychiatriques après avoir commis cinq crimes sous les traits du Joker, Arthur Fleck est en attente de son procès. A quelques jours de celui-ci, il fait la connaissance de Harley Quinn dont il tombe follement amoureux. Partageant le même délire, d’où le titre du film « La Folie à Deux », ils vont s’échapper dans un monde parallèle, jusqu’à ce que la réalité les rattrape. Ou pas.

    Après l’énorme succès critique et public de « Joker » en 2019, cette suite, qui en est véritablement une puisqu’elle commence là où se terminait la première partie, était très attendue. Trop sans doute. Certes, le film n’est pas mauvais. Mais cette « Folie à Deux » ne décolle malheureusement jamais vraiment. La faute à des chansons, exceptées celles qui sont mises en scène façon music-hall et qui sont un plus pour l’intrigue, qui étirent inutilement un scénario qui aurait de toute façon mérité d’être resserré, mieux ciblé et faire preuve de plus de …folie. Le film garde toutefois un attrait certain grâce à la performance de Joachin Phoenix qui est toujours aussi génialement fou, une mise en scène au cordeau et une photographie, une lumière ainsi que des décors qui vous attirent malgré tout dans le monde barré du Joker.

    Emilia Perez.jpg2 étoiles. « Emilia Perez ». Rita est une avocate douée. Elle travaille au service d’un cabinet qui non seulement ne reconnaît pas ses qualités, mais qui en plus défend des criminels plutôt que de servir la justice. Mais un jour, le chef d’un dangereux cartel fait appel à elle afin qu’elle l’aide à se retirer des affaires et à disparaître afin qu’il puisse réaliser le rêve qu’il caresse depuis des années : devenir une femme.

    Prix du jury au Festival de Cannes 2024, Prix d’interprétation féminine remis aux quatre comédiennes principales du film et encensé par une large partie de la critique, « Emilia Perez » est un film déroutant aussi bien du point de vue de sa forme que de son fond. En effet, l’histoire est régulièrement entrecoupée de scènes de comédie musicale clinquantes et plus ou moins réussies (si les chorégraphies sont globalement splendides, certaines voix laissent à désirer) qui accentuent le côté bien peu réaliste du scénario. On a vraiment peine à croire que ce très méchant chef de cartel devienne tout à coup suite à sa transition un ange, ou presque. Pour apprécier le film, au demeurant d’une grande maîtrise technique et fort bien joué, mieux vaut donc croire aux contes de fées qui ne finissent toutefois pas forcément bien.   

    Il reste encore demain.jpg3 étoiles. « Il reste encore demain ». Rome, 1946. Delia est mère de trois enfants et mariée à Ivano, mari autoritaire et violent. En plus de s’occuper du foyer, dans lequel vit également son beau-père grabataire et désagréable, elle multiplie les petits boulots pour améliorer le revenu familial très modeste. Malgré ce contexte pesant, Delia fait contre mauvaise fortune bon cœur jusqu’au jour où elle prend conscience que sa fille qui s’apprête à célébrer ses fiançailles pourrait bien connaître le même sort qu’elle.

    « Il reste encore demain » surprend dès sa première scène, toutefois peu crédible, qui glace le sang et donne le ton au film qui se situe entre la tragédie et la comédie. Dans la première partie, l’équilibre entre gravité et humour n’est pas toujours réussi, à l’image des scènes chorégraphiées de la violence conjugale qui laissent songeur. Dans la seconde partie, par contre, le film prend une autre dimension. Son interprète principale, Paola Cortellesi, lumineuse et également derrière la caméra, va prendre les choses en main pour lutter contre ce patriarcat étouffant. C’est fait de manière subtile grâce à un scénario qui réserve de belles surprises et une fin aussi inattendue que spectaculaire.

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter

  • « Quand vient l’automne », « Joker : Folie à Deux » et 10 autres films à l’affiche

    Quand vient l'automne.jpg4 étoiles. « Quand vient l’automne ». Michelle vit une retraire paisible dans une jolie maison de campagne située dans un petit village de Bourgogne. Sa meilleure amie, Marie-Claude, vit non loin d’elle. A la Toussaint, sa fille Valérie, avec laquelle elle entretient des relations tendues, vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour qu’il passe la semaine de vacances avec sa grand-mère qu’il adore. Mais le repas familial va déclencher des événements en cascade après que Valérie ait été empoisonnée par des champignons cueillis par sa mère…

    Comédie dramatique avec une intrigue policière secondaire mais qui en dit long sur les relations entre les personnages, « Quand vient l’automne » est avant tout un film qui, à l’image de son titre, se penche sur le passé qui peut resurgir n’importe quand et avoir des conséquences imprévisibles sur le présent et l’avenir. Magnifiquement photographié et mis en scène, le long-métrage manie avec sensibilité l’humour noir, l’ambiguïté ou encore l’amoralité. Porté par Hélène Vincent et Josiane Balasko qui font preuve d’une grande subtilité dans leur jeu, le film ravira celles et ceux qui aiment les histoires qui sèment le doute dans les esprits, tel un poison. 

    Joker, Folie à Deux.jpg3 étoiles : « Joker : Folie à Deux ». Arrêté et interné dans une prison pour délinquants avec des problèmes psychiatriques après avoir commis cinq crimes sous les traits du Joker, Arthur Fleck est en attente de son procès. A quelques jours de celui-ci, il fait la connaissance de Harley Quinn dont il tombe follement amoureux. Partageant le même délire, d’où le titre du film « La Folie à Deux », ils vont s’échapper dans un monde parallèle, jusqu’à ce que la réalité les rattrape. Ou pas.

    Après l’énorme succès critique et public de « Joker » en 2019, cette suite, qui en est véritablement une puisqu’elle commence là où se terminait la première partie, était très attendue. Trop sans doute. Certes, le film n’est pas mauvais. Mais cette « Folie à Deux » ne décolle malheureusement jamais vraiment. La faute à des chansons, exceptées celles qui sont mises en scène façon music-hall et qui sont un plus pour l’intrigue, qui étirent inutilement un scénario qui aurait de toute façon mérité d’être resserré, mieux ciblé et faire preuve de plus de …folie. Le film garde toutefois un attrait certain grâce à la performance de Joachin Phoenix qui est toujours aussi génialement fou, une mise en scène au cordeau et une photographie, une lumière ainsi que des décors qui vous attirent malgré tout dans le monde barré du Joker.

    Toujours à l’affiche

    Les Graines du figuier sauvage.jpg5 étoiles. « Les Graines du figuier sauvage ». Pour Iman, sa promotion en tant que juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran est l’aboutissement de 20 ans de carrière au service du régime. Il va enfin pouvoir améliorer le train de vie de sa femme et de ses deux filles, l’une adolescente, l’autre majeure. Mais à peine nommé, un immense mouvement de protestation secoue le pays. Dépassé par l’ampleur des événements, la justice devient expéditive au grand damne d’Iman qui décide malgré tout de s’y conformer. Chez lui, la révolution gronde également rendant Iman de plus en plus méfiant à l’égard de sa femme et de ses filles.

    Prix spécial du Jura au Festival de Cannes 2024, « Les Graines du figuier sauvage » mérite amplement cette récompense. Le film transpose de manière brillante, avec un seul (petit) bémol sur sa longueur (2h45), les affres du régime iranien au sein d’une famille confrontée à un mari et à un père qui se sentant menacé va reproduire auprès des siens les méthodes utilisées par la dictature auquel il s’est soumis.  Film hautement politique, incrusté de courtes séquences tournées avec des portables au moment des manifestations du mouvement « Femme, vie, liberté » à l’automne 2022, « Les Graines du figuier sauvage » entraîne l’audience dans une spirale infernale avec une dernière heure où la tension est à son comble grâce à une mise en scène formidablement anxiogène et une distribution parfaite.

    Speak No Evil.jpg4 étoiles. « Speak No Evil ». Les familles Dalton et Field se rencontrent en vacances en Italie. Les premiers ont une fille de 12 ans et les seconds un fils du même âge qui ne peut pas parler en raison d’une langue atrophiée. Bien que les Dalton soient du genre plutôt coincé et les Field tout le contraire, le courant passe entre eux. De retour en Angleterre, les Field proposent aux Dalton de venir passer un week-end dans leur propriété campagnarde. Ces derniers acceptent. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique va petit à petit se transformer en cauchemar.

    Qualifié de film d’horreur, « Speak No Evil » est avant tout d’un long-métrage au suspense haletant avec seulement deux brèves scènes un brin sanguinolente. A condition de mettre de côté les quelques invraisemblances d’un scénario au demeurant bien construit, « Speak No Evil » ravira le public qui aime ces films dans lequel une atmosphère de plus en plus irrespirable s’installe au fur et à mesure que l’action avance. A ce titre, les trente dernières minutes, tout en évitant l’exagération souvent inhérente à ce genre de film, sont d’une folle intensité avec de multiples rebondissements qui vous clouent sur votre siège.

    Le Comte de Monte-Cristo.jpg4 étoiles. « Le Comte de Monte-Cristo ». Marseille. 1815. Victime d’un complot dont la jalousie est le moteur, Edmond Dantès, 22 ans, est arrêté le jour de son mariage. Il est détenu dans d’horribles conditions au château d’If. Pendant son incarcération, il fait la connaissance de l’abbé Faria qui va lui révéler un secret qui lui permettra de devenir immensément riche après son évasion 14 ans plus tard. Sous l’identité du Comte de Monte-Cristo, il va alors patiemment élaborer un plan pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

    Cette nouvelle adaptation du célèbre roman d’Alexandre Dumas ne lésine pas sur les moyens puisque le budget se monte à 43 millions d’euros. Et ça se voit : les décors, la plupart naturels, les costumes, le maquillage et la photographie sont un régal pour l’œil. Quant à la distribution, elle est excellente. Pierre Niney, particulièrement convaincant quand il endosse le rôle du Comte de Monte-Cristo, est entouré d’acteurs et d’actrices qui n’ont rien à lui envier. Quant au film en lui-même, on peut lui reprocher un manque d’émotions tant la machine est bien huilée. Mais pas de quoi bouter son plaisir. En effet, le long-métrage, c’est le cas de le dire mais les trois heures passent très vite grâce à de multiples rebondissements, met fort bien en valeur le génie romanesque d’Alexandre Dumas.

    Pas de vagues.jpg4 étoiles. « Pas de vagues ». Julien est professeur de français dans un collège de banlieue. Jeune et dynamique, il a une approche pédagogique qui cherche à créer du lien entre lui et ses élèves. Il n’hésite pas à en prendre quelques-uns sous son aile, ce qui occasionne des jalousies : Julien est accusé de harcèlement par une élève et menacé de mort par le frère de cette dernière. Pris dans un engrenage infernal, qui va également avoir comme conséquence de révéler son homosexualité, et devant faire face à une direction qui veut éviter de faire des vagues, Julien pourra-t-il se sortir de cette situation ?

    Inspiré d’un épisode que le réalisateur Teddy Lussi-Modeste a lui-même connu quand il était enseignant, « Pas de vagues » est un film sous haute tension qui décrit avec précision une mécanique qui s’emballe sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter, à commencer par une administration bien peu soutenante. Porté par un François Civil qui exprime à merveille toutes les émotions vécues par son personnage et de jeunes actrices et acteurs formidables, « Pas de vagues », grâce également à une mise en scène très réaliste, sonne juste du début à la fin avec une ultime scène d’une folle intensité.

    Les Barbares.jpg3 étoiles. « Les Barbares ». Dans le village breton de Paimpont, l’harmonie règne, en tout cas en apparence. Dans un grand élan de solidarité, le Conseil municipal, avec toutefois le vote peu enthousiaste du plombier, décide d’accueillir des Ukrainiens. Sauf qu’à la dernière minute débarque une famille syrienne, ce qui ne va pas, et de loin, plaire à tout le monde. Le beau vernis de l’unanimité va dès lors irrémédiablement se craqueler et faire éclater des vérités jusque-là bien enfouies.

    Avec « Les Barbares », Julie Delpy, devant et derrière la caméra, met en avant la manière dont les réfugiés sont reçus de manière très différente en Europe. Elle le fait sous la forme d’une comédie grinçante qui privilégie le rire aux larmes en se jouant des clichés et de certains ses personnages tristement drôles. Et ça fonctionne plutôt bien grâce principalement à une excellente distribution. On n’en dira pas autant du scénario qui, à quelques exceptions près, ne brille guère par son originalité. Mais qu’à cela ne tienne, le film emporte globalement l’adhésion car tout en dénonçant un racisme ordinaire, il fait la part belle aux bons sentiments. Et même si c’est peu réaliste, ça fait du bien. 

    Le Fil.jpg3 étoiles. « Le Fil ». Depuis qu’il a fait innocenter un assassin récidiviste quinze ans auparavant, Maître Jean Monier ne défend plus des personnes accusées de meurtre. Pourtant, sa rencontre avec Nicolas Milik, père de famille soupçonné d’avoir tué sa femme, va lui faire changer d’avis. Convaincu de l’innocence de son client, il reprend le chemin des assises et est prêt à tout pour qu’au terme du procès Nicolas Milik soit libéré.

    Film de procès par excellence inspiré de faits réels, le film de et avec Daniel Auteuil vaut tout d’abord le détour pour la prestation de ses deux comédiens principaux, et tout particulièrement celle de Gregory Gadebois qui joue tout en retenue le rôle du présumé meurtrier. Leur performance ne suffit cependant pas toujours à faire oublier une certaine lenteur qui se dégage d’un film tourné à l’ancienne. On l’aurait souhaité plus tendu, à l’image de l’excellent « Le procès Goldman » de Cédric Kahn projeté sur les écrans l’année dernière. Malgré cette critique, « Le Fil » ne manque toutefois pas d’intérêt car il questionne l’intime conviction de l’avocat et la manière de la renforcer. Quitte à se tromper ?

    Radical.jpg3 étoiles. « Radical ». Les écoliers de la 6ème classe de l’école primaire Jose Urbina Lopez à Matamoros, où la misère et la violence sont bien présentes, font partie des élèves les moins performants du Mexique. L’enseignement qui leur est donné ne les implique absolument pas jusqu’au jour où débarque un nouvel enseignant, Sergio Juarez. Ce dernier décide de tenter une approche différente dans laquelle l’élève est acteur de ses apprentissages. Mais la méthode non conventionnelle de Sergio va susciter bien des interrogations de la part des autorités scolaires qui lui reprochent de ne pas suivre le programme.

    Basé sur des faits réels, « Radical » séduit par son thème qui met au centre le principe de l’éducabilité de tous les enfants à partir du moment qu’il leur est fait confiance et que les séquences d’apprentissage les impliquent. La première partie du film est à ce titre très parlante et l’osmose entre les élèves et leur enseignant crève l’écran. Elle est la plus réussie. La seconde a tendance à tourner un peu en rond, et donc à s’étirer en longueur, et à tirer excessivement sur la corde sensible. Mais heureusement l’issue finale, malgré sa prévisibilité, est à la hauteur du postulat de départ du film et est émouvante.       

    Un p'tit truc en plus.jpg3 étoiles. « Un p’tit truc en plus ». Pour échapper à la police suite à un casse dans une bijouterie, un père et son fils trouvent refuge, bien malgré eux, dans une colonie de vacances pour jeunes en situation de handicap au milieu de nulle part. Le plus jeune se fait passer pour un pensionnaire et le plus âgé pour son éducateur spécialisé ce qui va inévitablement créer des quiproquos pour le pire, mais surtout pour le meilleur.

    Le premier film du comique Artus, succès « surprise » avec deux millions d’entrées en France en moins de deux semaines d’exploitation, est une comédie, malgré son scénario (très) prévisible et un langage grossier trop répétitif, où l’on rit de bon cœur et qui sait également émouvoir grâce principalement à son excellente distribution. Les actrices et acteurs en situation de handicap sont, en effet, d’un naturel extrêmement touchant. Et il en est de même pour Artus qui a trouvé dans son interprétation et sa réalisation le juste équilibre pour éviter les écueils d’un sujet sensible.

    Il reste encore demain.jpg3 étoiles. « Il reste encore demain ». Rome, 1946. Delia est mère de trois enfants et mariée à Ivano, mari autoritaire et violent. En plus de s’occuper du foyer, dans lequel vit également son beau-père grabataire et désagréable, elle multiplie les petits boulots pour améliorer le revenu familial très modeste. Malgré ce contexte pesant, Delia fait contre mauvaise fortune bon cœur jusqu’au jour où elle prend conscience que sa fille qui s’apprête à célébrer ses fiançailles pourrait bien connaître le même sort qu’elle.

    « Il reste encore demain » surprend dès sa première scène, toutefois peu crédible, qui glace le sang et donne le ton au film qui se situe entre la tragédie et la comédie. Dans la première partie, l’équilibre entre gravité et humour n’est pas toujours réussi, à l’image des scènes chorégraphiées de la violence conjugale qui laissent songeur. Dans la seconde partie, par contre, le film prend une autre dimension. Son interprète principale, Paola Cortellesi, lumineuse et également derrière la caméra, va prendre les choses en main pour lutter contre ce patriarcat étouffant. C’est fait de manière subtile grâce à un scénario qui réserve de belles surprises et une fin aussi inattendue que spectaculaire.

    Emilia Perez.jpg2 étoiles. « Emilia Perez ». Rita est une avocate douée. Elle travaille au service d’un cabinet qui non seulement ne reconnaît pas ses qualités, mais qui en plus défend des criminels plutôt que de servir la justice. Mais un jour, le chef d’un dangereux cartel fait appel à elle afin qu’elle l’aide à se retirer des affaires et à disparaître afin qu’il puisse réaliser le rêve qu’il caresse depuis des années : devenir une femme.

    Prix du jury au Festival de Cannes 2024, Prix d’interprétation féminine remis aux quatre comédiennes principales du film et encensé par une large partie de la critique, « Emilia Perez » est un film déroutant aussi bien du point de vue de sa forme que de son fond. En effet, l’histoire est régulièrement entrecoupée de scènes de comédie musicale clinquantes et plus ou moins réussies (si les chorégraphies sont globalement splendides, certaines voix laissent à désirer) qui accentuent le côté bien peu réaliste du scénario. On a vraiment peine à croire que ce très méchant chef de cartel devienne tout à coup suite à sa transition un ange, ou presque. Pour apprécier le film, au demeurant d’une grande maîtrise technique et fort bien joué, mieux vaut donc croire aux contes de fées qui ne finissent toutefois pas forcément bien.   

    5 étoiles : à voir absolument, 4 étoiles : chaudement recommandé, 3 étoiles : ça vaut la peine, 2 étoiles : pas indispensable, 1 étoile : il y a mieux à faire, 0 étoile : à éviter